Même si la pratique du yoga est mentionnée dans divers textes anciens (les Vedas, les Upanishads, la Bhagavad Gita, etc.), c'est au sage Patañjali que revient le mérite d'avoir élaboré une philosophie formelle et cohérente du yoga. Ici, Michel Sage nous offre un texte passionnant pour comprendre la pensée orientale de ce grand maître. Vous y découvrirez en outre les lois du Karma et du Sacrifice, les notions d'âme et d'esprit, de vertu que porte son courant philosophique.
À la fin de son exposé, vous retrouverez une traduction des fameux aphorismes de Patañjali. Courts et faciles à mémoriser, ces sutras sont l'une des techniques les plus populaires et les plus reconnues pour entraîner son corps, faire évoluer son esprit et s'accomplir.
Extrait : Nous aimons le bruit, les jeux violents et cruels, les canons qui tuent vite et bien. Nos cervelles saisissent mal les idées profondes et nous leur préférons les mots creux qu'à tout propos, nous hurlons vers le ciel en faisant claquer nos étendards au vent : la Science, le Progrès, la Patrie, la Gloire, chimères échevelées que nous poursuivons les yeux hors de l'orbite, en nous écrasant les uns les autres, en fous. Le sang bout dans nos veines, la Vie est bonne ; et nous la rendrons chaque jour meilleure ; et nous chasserons de ce monde la faim, le froid, la nuit, la maladie, le mal sous toutes ses formes, la Mort...
Eh ! Oui, pourquoi pas la Mort ? Nous devenons si savants tous les jours. Je vous dis que nous arriverons à le tirer de nos flancs l'être entrevu, le Surhomme idéalement amoral et maître de tous les secrets de la Nature. Lui, il tuera d'un regard ; et certes tous nos efforts, toutes nos douleurs seront largement payées par un tel résultat. Nous avons des philosophes comme des savants, car rien ne nous manque ; ils sont chargés d'envelopper dans de la dialectique nos vanités et nos illusions ; en général ils s'acquittent assez bien de leur tâche. Cependant quelques-uns détonnent : leur noire humeur nous amuse ; un grain d'originalité n'est pas pour nous déplaire. Au fond, nous savons bien que l'optimisme est la santé et la vérité, que son contraire n'est qu'une maladie. Il est vrai que notre religion dominante, le christianisme, n'est pas optimiste, mais nous n'en sommes pas les inventeurs et nous le comprenons si peu ; c'est à nos yeux un culte comme un autre rendu à un potentat orgueilleux, cruel et capricieux, tout notre portrait, qui réside quelque part dans les nuages.
En Orient, on est revenu de tant de naïve exubérance. On y accepte la vie, on en remplit tous les devoirs, on proclame qu'il en faut passer la torche de main en main, mais on ne lui demande pas ce qu'elle ne peut donner, le bonheur, alors qu'une analyse et un examen superficiels démontrent qu'elle n'est pas faite pour cela. L'oriental sent vivement ce qu'exprime si bien le proverbe arabe : il vaut mieux être assis que debout, couché qu'assis, mort que vivant.
À la fin de son exposé, vous retrouverez une traduction des fameux aphorismes de Patañjali. Courts et faciles à mémoriser, ces sutras sont l'une des techniques les plus populaires et les plus reconnues pour entraîner son corps, faire évoluer son esprit et s'accomplir.
Extrait : Nous aimons le bruit, les jeux violents et cruels, les canons qui tuent vite et bien. Nos cervelles saisissent mal les idées profondes et nous leur préférons les mots creux qu'à tout propos, nous hurlons vers le ciel en faisant claquer nos étendards au vent : la Science, le Progrès, la Patrie, la Gloire, chimères échevelées que nous poursuivons les yeux hors de l'orbite, en nous écrasant les uns les autres, en fous. Le sang bout dans nos veines, la Vie est bonne ; et nous la rendrons chaque jour meilleure ; et nous chasserons de ce monde la faim, le froid, la nuit, la maladie, le mal sous toutes ses formes, la Mort...
Eh ! Oui, pourquoi pas la Mort ? Nous devenons si savants tous les jours. Je vous dis que nous arriverons à le tirer de nos flancs l'être entrevu, le Surhomme idéalement amoral et maître de tous les secrets de la Nature. Lui, il tuera d'un regard ; et certes tous nos efforts, toutes nos douleurs seront largement payées par un tel résultat. Nous avons des philosophes comme des savants, car rien ne nous manque ; ils sont chargés d'envelopper dans de la dialectique nos vanités et nos illusions ; en général ils s'acquittent assez bien de leur tâche. Cependant quelques-uns détonnent : leur noire humeur nous amuse ; un grain d'originalité n'est pas pour nous déplaire. Au fond, nous savons bien que l'optimisme est la santé et la vérité, que son contraire n'est qu'une maladie. Il est vrai que notre religion dominante, le christianisme, n'est pas optimiste, mais nous n'en sommes pas les inventeurs et nous le comprenons si peu ; c'est à nos yeux un culte comme un autre rendu à un potentat orgueilleux, cruel et capricieux, tout notre portrait, qui réside quelque part dans les nuages.
En Orient, on est revenu de tant de naïve exubérance. On y accepte la vie, on en remplit tous les devoirs, on proclame qu'il en faut passer la torche de main en main, mais on ne lui demande pas ce qu'elle ne peut donner, le bonheur, alors qu'une analyse et un examen superficiels démontrent qu'elle n'est pas faite pour cela. L'oriental sent vivement ce qu'exprime si bien le proverbe arabe : il vaut mieux être assis que debout, couché qu'assis, mort que vivant.
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