Quand il eut longé la grille de la Halle aux Vins, M. Médéric Bonnereau aborda le Jardin des Plantes par cette porte de fer qui s’ouvre presque au coin du quai Saint-Bernard et de la triste rue Cuvier. M. Bonnereau consulta sa montre. Elle marquait deux heures, et le soleil de Juillet pesait d’un poids égal sur les hommes et les choses. Le parapluie rouge de la marchande de gâteaux flamboyait, accolé à la rustique baraque dont l’auvent disjoint se continuait en un vélum de papier. Cet auvent, ainsi artistement prolongé, protégeait mal contre les rayons un assortiment de chaussons et de massepains poisseux que les mouches s’ingéniaient à couvrir de points noirs, comme si les raisins de Corinthe, incrustés dans la pâte, fussent pour les audacieux diptères autant de modèles dont ils s’appliquaient à répéter la copie. Un bocal de cristal, en façon de tonneau, perdait par son robinet le coco trouble, tombant goutte à goutte sur une pile de biscuits de mer. Deux guêpes s’obstinaient à donner de la tête contre ce baril translucide ; mais des abeilles, possédant à un plus haut point le sens pratique des choses, butinaient à même une boîte de cassonade et s’ébrouaient, actives, dans la poussière brune. Assis sur son derrière, le chien noir haletait, la langue pendante, et surveillait, de son œil attentif et sournois, deux marmots en arrêt devant les richesses diverses qui s’entassaient sur la table, ombrée de poussière. Et Mme Lerat, propriétaire de l’établissement, sommeillait sous son parapluie éclatant, occupée en apparence à lire le Petit Journal, qui reposait grand ouvert sur son tablier de toile bleue.