Après son essai sur Le Roman italien et la Crise de la conscience moderne, Dominique Fernandez a écrit le roman de l'autodestruction. Henri Dumont a vingt ans. De son désespoir, il a fait son trésor. Il ne connaît d'autre joie, que de se laisser terrasser par le visage intolérable que la beauté d'un arbre ou d'un mur lui présente. Il écoute la musique, prostré. La perfection le fascine, parce qu'elle n'exige rien de lui et lui permet de se tenir pour rien. Ce n'est point qu'il n'ait besoin des autres. Pour que son désespoir soit complet, il faut que les autres reconnaissent qu'il est maudit. Ou bien il s'attache à des êtres qu'il sait, par avance, inaccessibles - il n'en voudrait pas autrement - ou bien il entretient des liaisons dégradantes, pour se mieux mépriser, et se rendre, croit-il, plus méprisable. Tout lui est bon pour attiser en lui la conscience de son indignité. Mais une jeune fille l'aime. Cette nuit qu'il tente en vain d'épaissir, les yeux d'Isabelle y brillent obstinément. Rien de ce qu'il entend faire pour l'écarter de lui, ne saurait venir à bout de cette tendresse. Elle l'aime, et lui ne peut que rejeter cet amour, qui l'empêche de savourer le triomphe de se sentir seul et abandonné de tous. Pouvoir aimer qui vous aime : tel est le thème central de ce livre, où transparaît, sous la rigueur du ton, une sensibilité romantique très personnelle.
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