Au début du règne de Louis XVIII, Edmond Dantès, marin, est accusé à tort de bonapartisme et enfermé dans la prison d’If, sur l’île du même nom, au large de Marseille. Après 14 années il réussit à s’échapper, et s’empare du trésor de l’île de Monte-Cristo, qui lui a été révélé par un compagnon de captivité (l’abbé Faria). Devenu riche et puissant, il entreprend, sous le nom de comte de Monte-Cristo, de se venger de ses ennemis, qui l’ont accusé ou ont bénéficié directement de son incarcération pour s’élever dans la société : le comte de Morcerf (alias Fernand Mondego, son rival en amour), le banquier Danglars (qui a rédigé la dénonciation), le procureur du Roi de Villefort (qui l’a envoyé en prison bien que le sachant innocent). Wilipédia
Extrait
22 Les contrebandiers.
Dantès n’avait point encore passé un jour à bord, qu’il avait déjà reconnu à qui il avait affaire.
Sans avoir jamais été à l’école de l’abbé Faria, le digne patron de la Jeune-Amélie, c’était le nom de la tartane génoise, savait à peu près toutes les langues qui se parlent autour de ce grand lac qu’on appelle la Méditerranée ; depuis l’arabe jusqu’au provençal ; cela lui donnait, en lui épargnant les interprètes, gens toujours ennuyeux et parfois indiscrets, de grandes facilités de communication, soit avec les navires qu’il rencontrait en mer, soit avec les petites barques qu’il relevait le long des côtes, soit enfin avec les gens sans nom, sans patrie, sans état apparent, comme il y en a toujours sur les dalles des quais qui avoisinent les ports de mer, et qui vivent de ces ressources mystérieuses et cachées qu’il faut bien croire leur venir en ligne directe de la Providence, puisqu’ils n’ont aucun moyen d’existence visible à l’œil nu : on devine que Dantès était à bord d’un bâtiment contrebandier.
Aussi le patron avait-il reçu Dantès à bord avec une certaine défiance : il était fort connu de tous les douaniers de la côte, et, comme c’était entre ces messieurs et lui un échange de ruses plus adroites les unes que les autres, il avait pensé d’abord que Dantès était un émissaire de dame gabelle, qui employait cet ingénieux moyen de pénétrer quelques-uns des secrets du métier.
Mais la manière brillante dont Dantès s’était tiré de l’épreuve quand il avait orienté au plus près l’avait entièrement convaincu ; puis ensuite, quand il avait vu cette légère fumée flotter comme un panache au-dessus du bastion du château d’If, et qu’il avait entendu ce bruit lointain de l’explosion, il avait eu un instant l’idée qu’il venait de recevoir à bord celui à qui, comme pour les entrées et les sorties des rois, on accordait les honneurs du canon ; cela l’inquiétait moins déjà, il faut le dire, que si le nouveau venu était un douanier ; mais cette seconde supposition avait bientôt disparu comme la première à la vue de la parfaite tranquillité de sa recrue...
Extrait
22 Les contrebandiers.
Dantès n’avait point encore passé un jour à bord, qu’il avait déjà reconnu à qui il avait affaire.
Sans avoir jamais été à l’école de l’abbé Faria, le digne patron de la Jeune-Amélie, c’était le nom de la tartane génoise, savait à peu près toutes les langues qui se parlent autour de ce grand lac qu’on appelle la Méditerranée ; depuis l’arabe jusqu’au provençal ; cela lui donnait, en lui épargnant les interprètes, gens toujours ennuyeux et parfois indiscrets, de grandes facilités de communication, soit avec les navires qu’il rencontrait en mer, soit avec les petites barques qu’il relevait le long des côtes, soit enfin avec les gens sans nom, sans patrie, sans état apparent, comme il y en a toujours sur les dalles des quais qui avoisinent les ports de mer, et qui vivent de ces ressources mystérieuses et cachées qu’il faut bien croire leur venir en ligne directe de la Providence, puisqu’ils n’ont aucun moyen d’existence visible à l’œil nu : on devine que Dantès était à bord d’un bâtiment contrebandier.
Aussi le patron avait-il reçu Dantès à bord avec une certaine défiance : il était fort connu de tous les douaniers de la côte, et, comme c’était entre ces messieurs et lui un échange de ruses plus adroites les unes que les autres, il avait pensé d’abord que Dantès était un émissaire de dame gabelle, qui employait cet ingénieux moyen de pénétrer quelques-uns des secrets du métier.
Mais la manière brillante dont Dantès s’était tiré de l’épreuve quand il avait orienté au plus près l’avait entièrement convaincu ; puis ensuite, quand il avait vu cette légère fumée flotter comme un panache au-dessus du bastion du château d’If, et qu’il avait entendu ce bruit lointain de l’explosion, il avait eu un instant l’idée qu’il venait de recevoir à bord celui à qui, comme pour les entrées et les sorties des rois, on accordait les honneurs du canon ; cela l’inquiétait moins déjà, il faut le dire, que si le nouveau venu était un douanier ; mais cette seconde supposition avait bientôt disparu comme la première à la vue de la parfaite tranquillité de sa recrue...