Un des documents le plus souvent cités sur la religion celtique est un passage de César, De bello gallico, où le conquérant de la Gaule raconte quels sont, suivant lui, les principaux dieux des peuples qu'il a vaincus dans cette contrée:«Le dieu qu'ils révèrent surtout est Mercure; ses statues sont nombreuses. Les Gaulois le considèrent comme l'inventeur de tous les arts, le guide dans les chemins et les voyages; ils lui attribuent une très grande influence sur les gains d'argent et sur le commerce. Après lui viennent Apollon, Mars, Jupiter et Minerve. De ceux-ci ils ont presque la même opinion que les autres nations: Apollon chasse les maladies; Minerve instruit les débutants dans les arts et les métiers; Jupiter a l'empire du ciel; Mars a celui de la guerre. Quant ils ont résolu de livrer bataille, ils lui consacrent d'avance par un vœu le butin qu'ils comptent faire[1]...»Si nous prenons ce texte au pied de la lettre, il paraît que les Gaulois auraient eu cinq dieux presque identiques à autant de grands dieux romains: Mercure, Apollon, Mars, Jupiter et Minerve; la différence n'aurait guère consisté que dans les noms. Cette doctrine semble confirmée par des inscriptions romaines, où des noms gaulois sont juxtaposés comme épithètes ou par apposition aux noms de ces dieux romains. On pourrait donner de nombreux exemples. Nous citerons: 1° pour Mercure, les dédicaces Mercurio Atusmerio[2], Genio Mercurii Alauni[3], Mercurio Touren[o][4], Visucio Mercuri[o][5], Mercurio Mocco[6]; 2° pour Apollon, les dédicaces Apollini Granno[7], [A]pollini Mapon[o][8], Apollini Beleno[9]; 3° pour Mars les dédicaces Marti Toutati[10], Marti Belatucadro[11], Marti Camulo[12], Marti Caturigi[13]; 4° pour Jupiter, les dédicaces Jovi Taranuco[14], Jovi Tarano[15]; et 5° pour Minerve les dédicaces Deæ Suli Minervæ[16], Minervæ Belisamæ[17]. Ce sont les cinq dieux dont parle César.