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La répression des faits de collaboration, plus connue sous le nom d'épuration, est demeurée célèbre pour l'inégalité et la dureté de ses verdicts, en particulier ceux envers les écrivains, tel le journaliste antisémite Robert Brasillach, condamné à mort et exécuté en 1945. Or, la mort la plus appliquée à la Libération ne fut pas la guillotine, mais une mort symbolique, celle emportée par la privation des droits de citoyen et les interdictions professionnelles sanctionnant le nouveau crime d'« indignité nationale ». Le droit pénal en vigueur en 1939 ne permettant pas de réprimer le crime…mehr

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Produktbeschreibung
La répression des faits de collaboration, plus connue sous le nom d'épuration, est demeurée célèbre pour l'inégalité et la dureté de ses verdicts, en particulier ceux envers les écrivains, tel le journaliste antisémite Robert Brasillach, condamné à mort et exécuté en 1945. Or, la mort la plus appliquée à la Libération ne fut pas la guillotine, mais une mort symbolique, celle emportée par la privation des droits de citoyen et les interdictions professionnelles sanctionnant le nouveau crime d'« indignité nationale ». Le droit pénal en vigueur en 1939 ne permettant pas de réprimer le crime commis, entre 1940 et 1944, par les citoyens français ayant accepté de servir un gouvernement aux ordres de l'ennemi, les juristes de la Résistance eurent dans la clandestinité l'idée de l'indignité nationale ou crime de lèse-République. L'indignité nationale ne privait les vichystes ni de leur vie, ni de leur liberté. Elle les transformait en citoyens de seconde classe, déshonorés. Près de 10 000 Françaises et Français se virent ainsi frappés de mort civique, quand 1500 d'entre eux furent exécutés entre 1944 et 1951. D'où vient l'idée que, dans la République, le droit peut raisonnablement priver un citoyen ou une citoyenne de son honneur, et, en lui infligeant une honte publique, le transformer pour un temps en citoyen indigne ? Pourquoi les juristes révolutionnaires ont-ils éprouvé le besoin de conserver, dans le nouveau code pénal de 1791, les peines « simplement infamantes » en vigueur dans l'ancien droit ? Est-ce parce que l'honneur, loin d'être comme le pensait Montesquieu, le principe du seul gouvernement monarchique, est, associé à la vertu et au respect de l'intérêt général, le principal fondament du gouvernement républicain ? L'indignité, la privation infamante des droits de citoyen, est le moyen imaginé par le droit pour faire triompher ce principe mixte de l'ordre public républicain : l'honneur-vertu. Grâce à l'indignité, seuls les citoyens dignes participent à la vie de la communauté, les citoyens indignes, enfermés dans un « carcan d'infamie », s'en trouvent exclus et interdits de nuire. Incarnant par ses mésaventures singulières, les tribulations d'un indigne ; formulant la plus radicale critique de l'application de l'indignité, sous la Terreur comme lors de la Libération, la vie, les écrits, les censures politiques du marquis de Sade sont le fil rouge d'une histoire de l'indignité qui de Robespierre au général de Gaulle a espéré fonder ou rétablir la République sur la devise : Liberté, Égalité, Fraternité... ou Indignité.

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Autorenporträt
Anne Simonin, diplômée de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, docteur habilitée en histoire, est chargée de recherche au CNRS (IRICE, Université de Paris 1). Elle travaille, dans une perspective historique, sur les liens existant entre le droit et la littérature. Elle est notamment l'auteur de Les Éditions de Minuit, 1942-1955 : le devoir d'insoumission (IMEC, coll. « L'édition contemporaine », édition augmentée, 2008).