Il est le fils d'un dénommé Jean-Jacques qui se pique d'écrire des opéras, des essais et qui fréquente des philosophes. Tandis que l'enfant, Baptiste, est envoyé en nourrice à la campagne, son père écrit le Discours sur les Sciences et les Arts qui lui vaudra le premier prix de l'Académie de Dijon et lui permettra, lui le provincial, de conquérir la capitale.
Malmené, passant de famille en famille, Baptiste finira toutefois par trouver un foyer, des parents adoptifs ainsi que des frères et soeurs qui seront sa famille. Il grandit dans cette France rurale, dure et simple, de Louis XV le Bien Aimé. L'abandon d'enfant, à cette époque, est pratique courante plus qu'affaire de circonstance.
Et ledit Jean-Jacques abandonnera, successivement, quatre bébés dont il n'a cure. Pourtant, Baptiste, son aîné, restera sa mauvaise conscience.
Et, au soir de sa vie, il tentera, en vain, d'en retrouver la trace.
C'est à un très brillant exercice que s'est livrée Isabelle Marsay, avec ce Fils de Jean-Jacques, donnant à voir le quotidien d'une époque paradoxale : Siècle des Lumières et ultimes heures de la féodalité ; décor naturel d'une histoire (presque authentique) et paradoxale, celle d’un homme qui abandonne ses enfants en même temps qu'il écrit des traités d'éducation qui feront trace jusqu'à nos jours.
EXTRAIT
La religieuse conduisit le dénommé Baptiste rue Neuve Notre-Dame, face à l’Hôtel-Dieu. S’il n’avait pas pleuré, elle aurait fait une halte dans la chapelle de l’hôpital et prié pour la sauvegarde de son âme afin que Dieu lui accorde clémence et miséricorde, amen. Mais le petit homme hurlait à présent et la religieuse hâtait le pas : depuis combien de temps n’avait-il pas été rassasié ?
Une dame en cornette pénétra bientôt dans la chambre des pouparts, une vaste pièce où quelques nourrices s’affairaient autour d’une quarantaine de nouveau-nés. Elles leur donnaient le sein, les changeaient, les berçaient, vérifiant qu’ils respiraient ou que leur petit cœur battait. Fraîchement arrivées de leur province, la plupart des nourrices attendaient qu’on leur confiât un nourrisson. D’autres vivaient à demeure à l’hospice, moyennant soixante livres de pension.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Ce roman est une très belle découverte, [...] pour son style, pour la construction du récit, pour ses personnages marquants et aussi, bien sûr, pour l’évocation du scandale qui secoua les philosophes et qui est à l’origine du complexe de persécution de Rousseau. Un très grand livre. - Blog Les Livres de George
La lecture très intéressante et enrichissante est entrecoupée de texte de Jean-Jacques Rousseau donne vraiment envie de s'intéresser d'avantage à ce grand philosophe. - Blog Sandy Lire Ensemble
À PROPOS DE L'AUTEUR
Née en 1967 à Toulouse, Isabelle Marsay est professeur de Lettres à Amiens. Romancière, elle a publié différents ouvrages, dans des registres très divers.
Malmené, passant de famille en famille, Baptiste finira toutefois par trouver un foyer, des parents adoptifs ainsi que des frères et soeurs qui seront sa famille. Il grandit dans cette France rurale, dure et simple, de Louis XV le Bien Aimé. L'abandon d'enfant, à cette époque, est pratique courante plus qu'affaire de circonstance.
Et ledit Jean-Jacques abandonnera, successivement, quatre bébés dont il n'a cure. Pourtant, Baptiste, son aîné, restera sa mauvaise conscience.
Et, au soir de sa vie, il tentera, en vain, d'en retrouver la trace.
C'est à un très brillant exercice que s'est livrée Isabelle Marsay, avec ce Fils de Jean-Jacques, donnant à voir le quotidien d'une époque paradoxale : Siècle des Lumières et ultimes heures de la féodalité ; décor naturel d'une histoire (presque authentique) et paradoxale, celle d’un homme qui abandonne ses enfants en même temps qu'il écrit des traités d'éducation qui feront trace jusqu'à nos jours.
EXTRAIT
La religieuse conduisit le dénommé Baptiste rue Neuve Notre-Dame, face à l’Hôtel-Dieu. S’il n’avait pas pleuré, elle aurait fait une halte dans la chapelle de l’hôpital et prié pour la sauvegarde de son âme afin que Dieu lui accorde clémence et miséricorde, amen. Mais le petit homme hurlait à présent et la religieuse hâtait le pas : depuis combien de temps n’avait-il pas été rassasié ?
Une dame en cornette pénétra bientôt dans la chambre des pouparts, une vaste pièce où quelques nourrices s’affairaient autour d’une quarantaine de nouveau-nés. Elles leur donnaient le sein, les changeaient, les berçaient, vérifiant qu’ils respiraient ou que leur petit cœur battait. Fraîchement arrivées de leur province, la plupart des nourrices attendaient qu’on leur confiât un nourrisson. D’autres vivaient à demeure à l’hospice, moyennant soixante livres de pension.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Ce roman est une très belle découverte, [...] pour son style, pour la construction du récit, pour ses personnages marquants et aussi, bien sûr, pour l’évocation du scandale qui secoua les philosophes et qui est à l’origine du complexe de persécution de Rousseau. Un très grand livre. - Blog Les Livres de George
La lecture très intéressante et enrichissante est entrecoupée de texte de Jean-Jacques Rousseau donne vraiment envie de s'intéresser d'avantage à ce grand philosophe. - Blog Sandy Lire Ensemble
À PROPOS DE L'AUTEUR
Née en 1967 à Toulouse, Isabelle Marsay est professeur de Lettres à Amiens. Romancière, elle a publié différents ouvrages, dans des registres très divers.