Comment expliquer le mystère Bouteflika ?
En 2018, à l’ère du numérique et d’internet, un peuple ignore par qui il est dirigé. Il y a bien un président aux commandes depuis dix-neuf ans mais il est handicapé, ne se déplace qu’en fauteuil roulant, ne peut plus parler ni soutenir une conversation, le corps rigide, les membres totalement inertes… Oui, il y a bien un président, mais un président qui ne reçoit personne, qui ne s’adresse plus au peuple depuis sept années, un président qu’on cache, qu’on ne sort que dans les grandes occasions, le temps de quelques photos, histoire de prouver qu’il est encore en vie. Dans cette contrée, les institutions sont bloquées, la machine étatique est en panne, le pays isolé. Les chefs d’État étrangers évitent de s’y rendre, ceux qui font le déplacement repartent le plus souvent sans avoir rencontré le chef de l’État, le Conseil des ministres ne se tient plus, les ambassades étrangères ne savent à qui remettre les lettres de créance…
Cet homme n’est pas un roi ; ce pays n’est pas une monarchie, on dit même que ce n’est pas une dictature. Alors comment expliquer le mystère Bouteflika ? L’auteur, parmi les meilleurs observateurs de l’Algérie, se livre ici à une véritable radioscopie d’un chef d’Etat autant que d’un pays majeur aux portes de l’Europe.
Découvrez la présentation approfondie d'un chef d'Etat fantôme, dirigeant un pays majeur aux portes de l'Europe.
EXTRAIT
Le vieil homme s’inquiète :
― Il est 16 heures passées !
― Macron arrive, il vient de sortir de chez le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
Ouyahia le repêché. Il était fini comme pouvait l’être un fils désavoué par la « Famille ». Chez eux, on dit qu’il est « déposé ». Seule solution : le silence. L’exil intérieur. Comme Benflis. Patienter. Espérer. Il ne sera pas président en 2014 ni en 2019, mais plus tard, peut-être. Peut-être, car on ne se relève que rarement du désaveu familial. La Famille est une société secrète, pas un simple gang. Et vouloir prendre la place du parrain est une irrévérence impardonnable pour un vicaire qui n’aura pas su se contenter de son rang. On peut aujourd’hui être truand sans faire partie du milieu, de la Famille. La Famille est une communauté d’homme qui se reconnaît. On n’y rentre pas par copinage, mais par initiation.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Mohamed Benchicou, écrivain, journaliste et ancien directeur- fondateur du quotidien algérien d’opposition Le Matin, suspendu en 2004, et lui-même incarcéré pendant deux ans, est l’auteur de nombreux essais politiques, d’un journal de ses années de prison et d’une pièce de théâtre, publiés en France (notamment chez Riveneuve) et en Algérie.
En 2018, à l’ère du numérique et d’internet, un peuple ignore par qui il est dirigé. Il y a bien un président aux commandes depuis dix-neuf ans mais il est handicapé, ne se déplace qu’en fauteuil roulant, ne peut plus parler ni soutenir une conversation, le corps rigide, les membres totalement inertes… Oui, il y a bien un président, mais un président qui ne reçoit personne, qui ne s’adresse plus au peuple depuis sept années, un président qu’on cache, qu’on ne sort que dans les grandes occasions, le temps de quelques photos, histoire de prouver qu’il est encore en vie. Dans cette contrée, les institutions sont bloquées, la machine étatique est en panne, le pays isolé. Les chefs d’État étrangers évitent de s’y rendre, ceux qui font le déplacement repartent le plus souvent sans avoir rencontré le chef de l’État, le Conseil des ministres ne se tient plus, les ambassades étrangères ne savent à qui remettre les lettres de créance…
Cet homme n’est pas un roi ; ce pays n’est pas une monarchie, on dit même que ce n’est pas une dictature. Alors comment expliquer le mystère Bouteflika ? L’auteur, parmi les meilleurs observateurs de l’Algérie, se livre ici à une véritable radioscopie d’un chef d’Etat autant que d’un pays majeur aux portes de l’Europe.
Découvrez la présentation approfondie d'un chef d'Etat fantôme, dirigeant un pays majeur aux portes de l'Europe.
EXTRAIT
Le vieil homme s’inquiète :
― Il est 16 heures passées !
― Macron arrive, il vient de sortir de chez le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
Ouyahia le repêché. Il était fini comme pouvait l’être un fils désavoué par la « Famille ». Chez eux, on dit qu’il est « déposé ». Seule solution : le silence. L’exil intérieur. Comme Benflis. Patienter. Espérer. Il ne sera pas président en 2014 ni en 2019, mais plus tard, peut-être. Peut-être, car on ne se relève que rarement du désaveu familial. La Famille est une société secrète, pas un simple gang. Et vouloir prendre la place du parrain est une irrévérence impardonnable pour un vicaire qui n’aura pas su se contenter de son rang. On peut aujourd’hui être truand sans faire partie du milieu, de la Famille. La Famille est une communauté d’homme qui se reconnaît. On n’y rentre pas par copinage, mais par initiation.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Mohamed Benchicou, écrivain, journaliste et ancien directeur- fondateur du quotidien algérien d’opposition Le Matin, suspendu en 2004, et lui-même incarcéré pendant deux ans, est l’auteur de nombreux essais politiques, d’un journal de ses années de prison et d’une pièce de théâtre, publiés en France (notamment chez Riveneuve) et en Algérie.