Ce troisième et dernier volet de la série « Le Nationalisme en littérature » poursuit l'étude des liens entre structures nationales et styles littéraires français, en ciblant les années 1940-2000. Si les oeuvres publiées sous la Troisième République sont imprégnées par la nation, celle-ci perd de son aura au fil des décennies suivantes. Les deux guerres mondiales et l'institutionnalisation d'une vision du monde transnationale ont porté de nombreux écrivains à se déprendre de ce cadre politique, culturel et littéraire, sans néanmoins jamais réussir à s'en débarrasser. C'est ce qu'illustrent, de manière généralement plus manifeste que « la littérature française » légitime, les autres productions françaises en Europe. Ainsi des corpus belges (Kalisky, Compère, Mertens, Toussaint), suisses (Chessex, Lovay) et luxembourgeois (Rewenig) ; ainsi également des textes d'écrivains juifs (Jabès, Cohen, Doubrovsky) ou de non-francophones (Cioran). La question nationale les marque d'autant plus que la langue française s'y déploie comme le vecteur d'un « universalisme » moins universaliste que nationaliste, en ce qu'il persiste à entretenir une confusion entre « français » (relatif à un État-nation qui se prétend le berceau de cette langue) et « français » (qui a trait à une langue internationale). Loin de reculer, la nation pénètre les textes par des voies plus diversifiées que ne le suggère la lecture habituelle de ce terme, qui tend à le réduire à un cadre géographique ou à un thème identitaire.
En somme, les travaux ici réunis montrent que, si l'idée de style national a perdu de sa pertinence dans un monde en voie de supranationalisation, la doxa nationale et ses manifestations institutionnelles et pratiques n'en ont pas fini d'orienter les styles.
En somme, les travaux ici réunis montrent que, si l'idée de style national a perdu de sa pertinence dans un monde en voie de supranationalisation, la doxa nationale et ses manifestations institutionnelles et pratiques n'en ont pas fini d'orienter les styles.
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