Il est des pays qui nous hantent, nous fascinent, nous appellent. Et quand on les a une fois visités, on ne se résigne jamais sans serrement de cœur à ne plus les revoir. Leur attrait vient tantôt de la nature qui les a parés plus généreusement, tantôt des hommes qui les habitent. Les pays neufs n’ont point de secret, mais les vieilles terres d’histoire et de civilisation, où tant de générations ont senti, pensé, aimé, adoré, gardent je ne sais quoi de mystérieux et de profond qui nous enveloppe et nous captive. L’impénétrabilité des âmes ajoute encore au charme des lieux et au mystère attirant des temps évanouis.
Dix mois passés dans les Indes et dans l’Himalaya me laissaient avec la hantise du revoir, la mélancolie des choses incomplètes, le regret de ces États qu’il ne m’avait pas encore été donné de parcourir. Je me souvenais avec reconnaissance de l’accueil empressé et charmant que j’avais reçu des Anglais et, — détail pratique qui a son importance, — je savais que là, mieux peut-être qu’ailleurs, il me serait possible de décider et d’organiser rapidement une excursion intéressante. C’était la saison de la « mousson » et des pluies d’été ; il ne pouvait être question de voyager dans la péninsule. Mais, par-delà les plaines chaudes, par-delà le Téraï fiévreux, mon imagination revoyait, dans leur robe de glace, les cimes inviolées du majestueux Himalaya ; je savais par expérience qu’entre ses chaînes formidables s’ouvrent des vallées fraîches, se cachent des sanctuaires vénérés et de petits royaumes peu connus.
Le plus inaccessible est, de par la volonté de ses habitants, le Népal. Nos yeux d’enfants l’ont vu sur les vieilles cartes rudimentaires de jadis, allongé comme une étroite bande à la frontière nord des Indes : il nous paraissait juché tout au sommet de l’Himalaya, et, au-dessus du mot « Népal » ou « Népaul, » nos regards épelaient le nom prestigieux de la reine des montagnes, le Gaurisankar-Everest ! Plus tard, lorsque nous avons rêvé de l’Orient lumineux, lorsque nos esprits se sont tournés vers les civilisations asiatiques, vers le grand monde bouddhiste, vers les Indes, ses légendes, ses religions, le Népal nous est apparu comme le pays du mystère auquel les savants demandent ses secrets.
Dix mois passés dans les Indes et dans l’Himalaya me laissaient avec la hantise du revoir, la mélancolie des choses incomplètes, le regret de ces États qu’il ne m’avait pas encore été donné de parcourir. Je me souvenais avec reconnaissance de l’accueil empressé et charmant que j’avais reçu des Anglais et, — détail pratique qui a son importance, — je savais que là, mieux peut-être qu’ailleurs, il me serait possible de décider et d’organiser rapidement une excursion intéressante. C’était la saison de la « mousson » et des pluies d’été ; il ne pouvait être question de voyager dans la péninsule. Mais, par-delà les plaines chaudes, par-delà le Téraï fiévreux, mon imagination revoyait, dans leur robe de glace, les cimes inviolées du majestueux Himalaya ; je savais par expérience qu’entre ses chaînes formidables s’ouvrent des vallées fraîches, se cachent des sanctuaires vénérés et de petits royaumes peu connus.
Le plus inaccessible est, de par la volonté de ses habitants, le Népal. Nos yeux d’enfants l’ont vu sur les vieilles cartes rudimentaires de jadis, allongé comme une étroite bande à la frontière nord des Indes : il nous paraissait juché tout au sommet de l’Himalaya, et, au-dessus du mot « Népal » ou « Népaul, » nos regards épelaient le nom prestigieux de la reine des montagnes, le Gaurisankar-Everest ! Plus tard, lorsque nous avons rêvé de l’Orient lumineux, lorsque nos esprits se sont tournés vers les civilisations asiatiques, vers le grand monde bouddhiste, vers les Indes, ses légendes, ses religions, le Népal nous est apparu comme le pays du mystère auquel les savants demandent ses secrets.