Le Petit Roman du vin de Christian Millau initiera les amateurs aux plaisirs des grands vins et ravira les habitués qui voient dans la rencontre autour d'une bonne bouteille un heureux moment de convivialité. Christian Millau évoque des dégustations prestigieuses auxquelles il a pu être convié : Yquem, Lafite, Rothschild 1797, Pétrus... qui réservaient parfois de drôles de surprises. Christian Millau raconte les histoires de vin dont il a été le témoin ou qui lui sont arrivées. «L'affaire se noua à Paris, dans le haut de la rue de la Montagne Sainte-Geneviève (la Montagne sacrée "), juste en face de l'École Polytechnique. Il y avait là une épicerie qui faisait commerce des produits les plus communs, tels les sardines en boîte, les limonades et les roudoudous pour enfants sages. [...] Deux détails insolites qui ne cadraient pas du tout avec la modestie des lieux éveillèrent ma curiosité. Tout au fond de la boutique, sur des étagères, un fouillis inextricable de bouteilles laissait deviner des étiquettes où l'on pouvait lire des noms inattendus, tels que Chassagne-Montrachet, Pommard, Chambolle-Musigny, Coteaux du Layon, Chateauneuf-du-Pape, Beaumes-de-Venise, Condrieu... L 'autre sujet d'étonnement était fourni par la présence, autour d'un gaillard en blouse grise et béret noir dont la bouille ronde et rouge percée de deux petits yeux plissés et sabrée dans le sens de la largeur d'un sourire franchement rigolard, de messieurs qu'on devinait issus des hautes sphères de la société, et non sans raison, car l'un était le général commandant Polytechnique et l'autre le philosophe Gaston Bachelard, dont j'appris qu'il venait là en voisin rafraîchir la trépidation de ses petites cellules grises. Revenons à l'homme au béret. De son nom Jean-Baptiste Besse, mieux connu dans le quartier sous le vocable de «Père Besse», et propriétaire des lieux. Devenu à l'instant même mon ami, je ne pus me passer de lui, jusqu'à sa mort, tant c'était une joie de le retrouver chaque semaine dans son jardin de verre extraordinaire. Il fuyait comme la peste la redoutable engeance des oenophiles-connaisseurs-qui-savent-tout et, en revanche, vous invitait dans le cercle de ses amis dès lors qu'on ne la ramenait pas et qu'on la bouclait quand on ne savait pas. Christian Millau raconte aussi quelques anecdotes savoureuses, comme l'histoire du curé de Saint Emilion qui au confessionnal indiquait à ses ouailles, propriétaires de grands crus : "Six Ave et une caisse". Dans Le Petit Roman du vin, il aborde pour commencer la vieille querelle : bordeaux ou bourgogne ? et conclut qu'avec l'âge, «... un peu lassé des grands noms francs et des armoiries, je me convertirai à nos obscurs du Languedoc, d'Auvergne, de la Loire, de la Corse ou du Pays Basque. Nos oubliés, nos modestes, nos incompris, nos francs-tireurs et nos anars, qui se fichent pas mal de ne pas appartenir à la nomenklatura des AOC, pourvu qu'ils fassent glisser le bonheur au fond du gosier.»
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