Extrait I
– Maudite petite fille !
L’exclamation s’échappait des lèvres d’un jeune cavalier d’une quinzaine d’années, monté sur un joli petit cheval camarguais. Dans le sentier où il venait de s’engager, un énorme paquet de fleurs était tombé tout à coup sur les naseaux de l’animal qui, effrayé, se cabrait furieusement. Et son maître, tout en le contenant d’une main déjà ferme, apercevait au-dessus de lui, dans l’ouverture d’une tonnelle couverte de jasmins et de roses, un blanc visage d’enfant encadré d’une masse de cheveux blonds, soyeux et argentés – un visage délicat, et charmant, où brûlaient d’admirables yeux noirs, en ce moment éclairés de gaieté moqueuse.
Un léger éclat de rire répondit au cri de colère du jeune garçon.
– Vous êtes toujours aimable, monsieur Raymond de Faligny !
– Aimable pour une petite sotte qui cherche à me faire casser la tête ! Ah ! bien, par exemple !
Le teint blanc se couvrit soudainement de rougeur, les yeux devinrent sombres... Et la petite fille, se redressant, dit avec un accent de dédain singulier dans cette bouche d’enfant :
– Je savais bien qu’il n’y avait pas de danger pour vous, car vous êtes bon cavalier. Mais je voulais vous faire mettre en colère, parce que vous détestez papa et moi !
Elle se tenait debout dans l’ouverture, en attachant sur Raymond un regard lourd de rancune. C’était une petite créature très fine, âgée d’une dizaine d’années. Son teint avait la blancheur froide des neiges immaculées. Mais quand une émotion agitait l’enfant, comme en ce moment, il devenait d’un rose délicat de fleur vivante. Les yeux et les cils noirs, les cheveux aux reflets d’argent achevaient de donner un charme étrange à cette physionomie, qu’il devait être difficile d’oublier, ne l’eût-on vue qu’une fois.
Raymond, qui venait de mater définitivement son cheval, leva de nouveau vers la tonnelle un regard chargé d’orage.
– Ah ! c’est ce que vous vouliez ? Eh bien ! il n’y a pas besoin, pour cela, de lancer des fleurs à la tête de mon cheval... car, en colère contre le docteur Norsten, je le suis tous les jours, puisqu’il est l’héritier, le descendant de Luc d’Anfrannes, le voleur... et qu’il détient lui-même ce qui m’appartient.
– Menteur ! Menteur !...
– Maudite petite fille !
L’exclamation s’échappait des lèvres d’un jeune cavalier d’une quinzaine d’années, monté sur un joli petit cheval camarguais. Dans le sentier où il venait de s’engager, un énorme paquet de fleurs était tombé tout à coup sur les naseaux de l’animal qui, effrayé, se cabrait furieusement. Et son maître, tout en le contenant d’une main déjà ferme, apercevait au-dessus de lui, dans l’ouverture d’une tonnelle couverte de jasmins et de roses, un blanc visage d’enfant encadré d’une masse de cheveux blonds, soyeux et argentés – un visage délicat, et charmant, où brûlaient d’admirables yeux noirs, en ce moment éclairés de gaieté moqueuse.
Un léger éclat de rire répondit au cri de colère du jeune garçon.
– Vous êtes toujours aimable, monsieur Raymond de Faligny !
– Aimable pour une petite sotte qui cherche à me faire casser la tête ! Ah ! bien, par exemple !
Le teint blanc se couvrit soudainement de rougeur, les yeux devinrent sombres... Et la petite fille, se redressant, dit avec un accent de dédain singulier dans cette bouche d’enfant :
– Je savais bien qu’il n’y avait pas de danger pour vous, car vous êtes bon cavalier. Mais je voulais vous faire mettre en colère, parce que vous détestez papa et moi !
Elle se tenait debout dans l’ouverture, en attachant sur Raymond un regard lourd de rancune. C’était une petite créature très fine, âgée d’une dizaine d’années. Son teint avait la blancheur froide des neiges immaculées. Mais quand une émotion agitait l’enfant, comme en ce moment, il devenait d’un rose délicat de fleur vivante. Les yeux et les cils noirs, les cheveux aux reflets d’argent achevaient de donner un charme étrange à cette physionomie, qu’il devait être difficile d’oublier, ne l’eût-on vue qu’une fois.
Raymond, qui venait de mater définitivement son cheval, leva de nouveau vers la tonnelle un regard chargé d’orage.
– Ah ! c’est ce que vous vouliez ? Eh bien ! il n’y a pas besoin, pour cela, de lancer des fleurs à la tête de mon cheval... car, en colère contre le docteur Norsten, je le suis tous les jours, puisqu’il est l’héritier, le descendant de Luc d’Anfrannes, le voleur... et qu’il détient lui-même ce qui m’appartient.
– Menteur ! Menteur !...