Extrait
I
Flavio Salvi et le docteur Parville, son cousin, achevaient de déjeuner dans la salle à manger un peu obscurcie par les stores tendus devant les deux portes-fenêtres. Quelques coulées de lumière se glissaient jusqu’au parquet, jusqu’à la nappe tissée de rouge et de blanc, mais les deux jeunes hommes restaient dans la pénombre que parfumaient des roses pourpres et jaunes disposées dans une jatte de vieux Rouen.
Le valet de chambre passa une coupe de fruits, versa dans les verres de cristal léger un vieux vin couleur d’ambre, puis disparut silencieusement. Flavio, tout en pelant une pêche, continua la conversation commencée.
– ... Ce cousin de mon père, Paolo Salvi, m’écrit ces jours-ci que l’on fait des fouilles aux environs de Parenza, où il habite une vieille maison fort intéressante par les meubles et objets d’autrefois qu’elle renferme. Lesdites fouilles, paraît-il, mettent au jour une villa romaine dont semble fort enthousiaste mon vieux cousin. Connaissant mes goûts, il m’offre l’hospitalité pour que je puisse en juger par moi-même.
– Et tu acceptes ?
– Peut-être.
La réponse tomba nonchalamment des lèvres longues et fines qui conservaient presque toujours un pli de léger dédain. Les dents petites, éclatantes, bien rangées, mordirent dans la chair juteuse et parfumée piquée au bout de la fourchette. Pendant un instant, Flavio et Parville gardèrent le silence. Sortant d’une pièce voisine, un très bel angora sauta sur une chaise placée près de Flavio et leva sur lui ses yeux d’un vert doré.
– Tu devrais m’accompagner, Emmanuel.
Flavio regardait son cousin, paraissait examiner avec attention ce mince visage au teint clair d’homme du Nord dont n’avait jamais pu avoir raison le grand air du large qui hâle les figures des marins. Il était même trop clair, ce teint, et joint à la maigreur des traits, de tout le corps, dénotait un état de santé peu satisfaisant...
I
Flavio Salvi et le docteur Parville, son cousin, achevaient de déjeuner dans la salle à manger un peu obscurcie par les stores tendus devant les deux portes-fenêtres. Quelques coulées de lumière se glissaient jusqu’au parquet, jusqu’à la nappe tissée de rouge et de blanc, mais les deux jeunes hommes restaient dans la pénombre que parfumaient des roses pourpres et jaunes disposées dans une jatte de vieux Rouen.
Le valet de chambre passa une coupe de fruits, versa dans les verres de cristal léger un vieux vin couleur d’ambre, puis disparut silencieusement. Flavio, tout en pelant une pêche, continua la conversation commencée.
– ... Ce cousin de mon père, Paolo Salvi, m’écrit ces jours-ci que l’on fait des fouilles aux environs de Parenza, où il habite une vieille maison fort intéressante par les meubles et objets d’autrefois qu’elle renferme. Lesdites fouilles, paraît-il, mettent au jour une villa romaine dont semble fort enthousiaste mon vieux cousin. Connaissant mes goûts, il m’offre l’hospitalité pour que je puisse en juger par moi-même.
– Et tu acceptes ?
– Peut-être.
La réponse tomba nonchalamment des lèvres longues et fines qui conservaient presque toujours un pli de léger dédain. Les dents petites, éclatantes, bien rangées, mordirent dans la chair juteuse et parfumée piquée au bout de la fourchette. Pendant un instant, Flavio et Parville gardèrent le silence. Sortant d’une pièce voisine, un très bel angora sauta sur une chaise placée près de Flavio et leva sur lui ses yeux d’un vert doré.
– Tu devrais m’accompagner, Emmanuel.
Flavio regardait son cousin, paraissait examiner avec attention ce mince visage au teint clair d’homme du Nord dont n’avait jamais pu avoir raison le grand air du large qui hâle les figures des marins. Il était même trop clair, ce teint, et joint à la maigreur des traits, de tout le corps, dénotait un état de santé peu satisfaisant...