Une certaine rhétorique tend à présenter la crise démographique des pays occidentaux comme la « fin de l'homme blanc » tout prêt à être submergé par les barbares immigrés venus du tiers monde. En réalité, le prolongement des courbes actuelles montre que la crise européenne n'est que le prélude à une crise mondiale, où les différents pays entrent les uns après les autres. C'est à terme la survie de l'humanité qui est en question. Les causes de la baisse des naissances sont complexes : ni la contraception moderne, ni le travail des femmes, ni la crise économique, ni l'individualisme ambiant - raisons communément avancées - ne l'expliquent à eux seuls. Les sociétés modernes ont mis en place toute une série de mécanismes (division du travail, salariat, systèmes de retraite...) dont elles ne maîtrisent pas les effets pervers comme la dénatalité qui va souvent à l'inverse des vraies aspirations des femmes. Pour corriger ces effets pervers, il est vain de rêver à un retour aux équilibres démographiques « naturels » du passé : il faut ajouter l'artifice à l'artifice. C'est là le sens des politiques dites familiales, efficaces quand elles sont suffisamment résolues. Encore faut-il que l'homme veuille sa propre survie. Roland Hureaux, ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud et de l'Ecole nationale d'administration, membre du comité de rédaction de Commentaire, a écrit Pour en finir avec la droite (Gallimard, 1998) et Les Hauteurs béantes de l'Europe (François-Xavier de Guibert, 1999).
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