Ce livre ignore le bien. Pablo Escobar représente même son contraire : la figure achevée du mal. Le patron du cartel de Medellin a fait fortune en contrôlant la production de cocaïne dans le monde, usant de toutes les violences. Lorsqu'il fut abattu, en décembre 1993, on lui imputait plusieurs milliers de morts. Il faut pourtant se garder de lancer ce héros trop vite vers les poubelles de l'Histoire. Ce qu'il possède de monstrueux témoigne d'un désarroi de l'univers hispano-américain. Jean-François Fogel glisse ainsi de la saga d'un bandit vers l'économie politique, le récit de voyage, l'étude des relations internationales et de la littérature. Dans le destin d'un criminel hors pair apparaissent le poids du passé, l'ombre des Etats-Unis, les difficultés des plus pauvres, l'inertie de la violence, le romanesque des caudillos, l'Etat fiction. Escobar - voilà pourquoi ce livre ignore le bien - n'est dès lors qu'un homme qui raconte comme Bolivar, comme les héros de Gabriel Garcia Marquez, un continent éloigné du monde.
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