J'étais au milieu de ma course, et j'avais déjà perdu la bonne voie, lorsque je me trouvai dans une forêt obscure, dont le souvenir me trouble encore et m'épouvante.Certes, il serait dur de dire quelle était cette forêt sauvage, profonde et ténébreuse, où j'ai tant éprouvé d'angoisses, que la mort seule me sera plus amère: mais c'est par ses âpres sentiers que je suis parvenu à de hautes connaissances, que je veux révéler, en racontant les choses dont mon oeil fut témoin.Je ne puis rappeler le moment où je m'engageai dans la forêt périlleuse, tant ma léthargie fut profonde! mais je marchais avec effroi dans des gorges obscures, lorsque j'atteignis le pied d'une colline qui les terminait; et, levant mes yeux en haut, je vis que son front s'éclairait déjà des premiers rayons de l'astre qui guide l'homme dans sa route.