2 juillet 1969, 8 h du matin : en arrivant à son bureau de la Centrale du S. D. E. C. E., Eugène Rousseau, fonctionnaire depuis 1945 du service de renseignement français, est convoqué d'urgence chez le colonel Lillois, chef de la Sécurité. On l'accuse d'avoir, treize ans plus tôt, alors qu'il occupait le poste de secrétaire de l'at-taché militaire adjoint à l'ambassade de France en Yougoslavie, trahi son pays en livrant aux Yougoslaves des documents confidentiels. Rousseau croit à un malen-tendu. Les interrogatoires se succèdent. 20 avril 1970: Rousseau comparaît devant la Cour de Sûreté de l'État. Il est condamné à quinze ans de prison. Condamner un homme de soixante deux ans à quinze ans de détention, c'est grave, c'est tuer en lui la vie. Mais il est bon que justice soit faite. Or, Eugène Rousseau n'est pas coupable. Alors c'est le scandale, et c'est ce scandale que dénonce Gilles Perrault. Gilles Perrault, vous le connaissez. Ancien avocat, ancien journaliste, écrivain. Qui mieux que lui s'entend à démêler les fils d'une affaire, si enchevêtrés soient-ils ? Rappelez-vous : Le Secret du jour J, L'Orchestre rouge, Le Dossier 51 ; la minutie de l'enquête, la rigueur du raisonnement, cette extraordinaire faculté de comprendre de l'intérieur, de démonter et remonter le mécanisme d'une affaire, d'une situation. Nul mieux que lui ne pouvait jeter sur la vie d'Eugène Rousseau ce projecteur implacable, comme est implacable sa conclusion : il y a erreur judiciaire. Vous l'avez compris : cet ouvrage est un appel à la justice, un cri de protestation, qu'aucun homme digne de ce nom n'a le droit d'ignorer. A travers l'affaire Rousseau, ce sont toutes les innocentes victimes passées, présentes et à venir, de l'appareil judi¬ciaire, qui demandent réparation.
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