Durant la période de la Première Modernité, l'Europe entière danse avec passion - et le Saint-Empire romain germanique ne fait pas exception. Toutefois, le modèle français de civilité et d'élégance des corps qui s'y impose après la guerre de Trente Ans, à travers la reprise du ballet de cour en milieu aulique ou la promotion de l'art français de la « belle danse » par des maîtres à danser urbains, déclenche une réflexion identitaire contrastée quant au spectacle des corps qui s'y donnent à voir. La reconstitution de ce riche paysage culturel fait apparaître les clivages qui traversent alors la société allemande, puisque au-delà des pratiques, ce sont leurs prémisses esthétiques, éthiques, théologiques et anthropologiques qui font l'objet de vifs débats et controverses. Si le style et les formes de danse, d'origine française, sont des exemples d'acculturation infructueuse dans l'espace germanique, l'art lui-même vit triompher sa pleine légitimité. Marie-Thérèse Mourey est professeur émérite d'histoire littéraire et culturelle du monde germanique à Sorbonne Université, Faculté des Lettres. Ses travaux portent notamment sur l'histoire des spectacles, du théâtre et de la danse du xvie au xviiie siècle, dans une perspective interdisciplinaire, sur les transferts culturels, ainsi que sur les questionnements religieux et identitaires en contexte européen.
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