Quand la grande saison de l'amour s'en est allée ; ou plutôt, quand la dure saison du grand amour n'est plus, il est toujours tenu à distance de soi, l'ange qui est venu nous parler de ces heures qui nous ont éreinté. Car on se souvient bien avoir jadis été, orfèvre de sa douleur, couvert de plaies précieuses, et qui plus est de plaies envenimées de pus. Et on le chasse alors sans le moindre ménagement, sans aucune complaisance pour la sublime souffrance de l'amoureux qui rampe avec délectation, cet ange : cet ange qui nous assure qu'il nous ressemble encore mais que nous ne voulons plus croire, auquel nous ne pouvons (et ce parce qu'en fait tout en nous, au contraire, ne demande que ça) pas même imaginer accorder du crédit. Et ce ferme refus, ce prudent reniement de celui qui naguère a joliment souffert, est du reste bien ce qui en ces moments nous sauve : nous arrache des griffes de l'ange anachronique qui nous invite à le suivre et à lui ressembler encore ; c'est à dire, bien sûr, de ce qui en ces heures d'inattendue rechute nous sauve de nous-même. Et maintenir ce cap est chose des plus ardues. Car elle ouvre ses tiroirs avec fébrilité, notre âme rebelle en quête de son miroir.
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