Extrait
I Ce maussade matin de mars, quand j’entrai dans son bureau, Mme Lachaud m’accueillit par ces mots :
– Préparez vos valises pour partir demain matin, Marie-Marthe.
– Mes valises ? C’est pour un temps assez long, sans doute ?
– Oui, je le pense, d’après ce que m’a dit le docteur Guyon-Latour.
Et elle m’expliqua qu’il s’agissait d’une jeune fille amenée par son médecin à Clermont afin de consulter cet excellent praticien. Guyon-Latour avait prescrit un traitement assez compliqué, que pouvait seule appliquer une infirmière expérimentée.
– ... début de paralysie à quinze ans. Elle en a seize et son état s’aggrave. Mauvaise hérédité du côté maternel. D’ailleurs, vous verrez ce soir le docteur ; il vous donnera les instructions nécessaires.
– Bien, Madame, je vais me préparer. Où est-ce ?
– En Corrèze, à la campagne. Le docteur vous donnera des précisions. Prenez de quoi vous couvrir, car il est possible que ce soit fort mal chauffé.
Elle eut un sourire sur son visage demeuré frais sous les cheveux gris, en ajoutant :
– Mais vous n’êtes pas trop frileuse, heureusement, et la campagne ne vous fait pas peur.
– Non, du moment où je m’occupe, je me trouve bien partout. À quelle heure dois-je voir le docteur ?
– À six heures, ici. Je vous reverrai avant votre départ, Marie-Marthe.
Elle me tendit la main et je sortis du bureau pour monter dans la chambre que j’occupais au second étage de l’Institut Hélène-Choppet. Cette fondation, datant de sept ans, était due à une riche Clermontaise qui l’avait faite en souvenir de sa fille, morte jeune encore, en soignant les blessés dans un hôpital de guerre. Elle en avait confié la direction à son beau-frère, le docteur Guyon-Latour. On y formait des infirmières dont la réputation était grande dans toute la région. Guyon-Latour y avait établi une annexe de sa clinique. Ce fut dans le petit bureau à lui réservé qu’il me reçut, ce soir-là, un peu après six heures..
I Ce maussade matin de mars, quand j’entrai dans son bureau, Mme Lachaud m’accueillit par ces mots :
– Préparez vos valises pour partir demain matin, Marie-Marthe.
– Mes valises ? C’est pour un temps assez long, sans doute ?
– Oui, je le pense, d’après ce que m’a dit le docteur Guyon-Latour.
Et elle m’expliqua qu’il s’agissait d’une jeune fille amenée par son médecin à Clermont afin de consulter cet excellent praticien. Guyon-Latour avait prescrit un traitement assez compliqué, que pouvait seule appliquer une infirmière expérimentée.
– ... début de paralysie à quinze ans. Elle en a seize et son état s’aggrave. Mauvaise hérédité du côté maternel. D’ailleurs, vous verrez ce soir le docteur ; il vous donnera les instructions nécessaires.
– Bien, Madame, je vais me préparer. Où est-ce ?
– En Corrèze, à la campagne. Le docteur vous donnera des précisions. Prenez de quoi vous couvrir, car il est possible que ce soit fort mal chauffé.
Elle eut un sourire sur son visage demeuré frais sous les cheveux gris, en ajoutant :
– Mais vous n’êtes pas trop frileuse, heureusement, et la campagne ne vous fait pas peur.
– Non, du moment où je m’occupe, je me trouve bien partout. À quelle heure dois-je voir le docteur ?
– À six heures, ici. Je vous reverrai avant votre départ, Marie-Marthe.
Elle me tendit la main et je sortis du bureau pour monter dans la chambre que j’occupais au second étage de l’Institut Hélène-Choppet. Cette fondation, datant de sept ans, était due à une riche Clermontaise qui l’avait faite en souvenir de sa fille, morte jeune encore, en soignant les blessés dans un hôpital de guerre. Elle en avait confié la direction à son beau-frère, le docteur Guyon-Latour. On y formait des infirmières dont la réputation était grande dans toute la région. Guyon-Latour y avait établi une annexe de sa clinique. Ce fut dans le petit bureau à lui réservé qu’il me reçut, ce soir-là, un peu après six heures..