Le résumé de l'intrigue est des plus simple. Tous les cinq ans, l'Empire russe procédait à un recensement de tous les serfs possédés par chaque propriétaire, afin de déterminer les taxes qu'ils devraient payer. Or, pendant ce laps de temps, il y avait de nombreux changements, morts et naissances. Administrativement, les serfs qui étaient décédés étaient considérés comme des «âmes fiscalement vivantes». Notre héros, l'ex fonctionnaire Tchitchikof, va sillonner la Russie profonde pour racheter à leurs propriétaires ces âmes mortes. Nous vous laissons découvrir le mystérieux but qu'il poursuit avec cette démarche pour le moins inhabituelle... L'intérêt principal de ce très grand roman, classé parmi les cent meilleures oeuvres littéraires de tous les temps par un jury de 54 écrivains, est la magnifique galerie de portaits que Gogol nous présente. Il faut reconnaître qu'ils ne sont pas très beaux, tous ces personnages que Tchitchikof rencontrent pour conclure ses marchés, acheter ses fameuses âmes mortes. Et lui-même est loin d'être un modèle de perfection... Mais je soupçonne Gogol d'éprouver une compassion, une tendresse cachée, pour ces russes si «typiques», jusque dans leurs défauts. Épopée comique, picaresque, virulente, souvent irrésistible, cette oeuvre est aussi une méditation sur la Russie, sur l'Homme, sur la mort. Livre sans cesse remanié par son auteur, il brûlera le manuscrit de la seconde partie le 7 février 1852, alors qu'il habite chez le comte Alexis Tolstoï, quelques jours avant de mourir. Ce second volume restera donc inachevé et fragmentaire. Nombreux sont ceux à le regretter, je préfère pour ma part rêver à cette fin et la réinventer sans cesse.
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