Qui aujourd'hui se préoccupe des os et des cendres des personnes décédées? Personne, est-on tenté de répondre tant on répète à l'envi que notre société individualiste vit dans le déni de la mort. Et pourtant, l'enquête sociologique d'Arnaud Esquerre révèle à l'inverse que l'Etat ne s'est jamais autant soucié des morts. Depuis que le contrôle de l'Eglise sur les restes humains a perdu de sa vigueur, la puissance publique a commencé à s'intéresser aux os et aux cendres. Face aux bouleversements des trente dernières années (essor de la crémation, développement des preuves par l'ADN, demandes de restitution des têtes maories, etc.), l'Etat déploie une nouvelle politique : interdire que les morts, même réduits en cendres, séjournent ailleurs que dans l'espace public, empêcher ou limiter l'exposition de restes humains, même s'ils sont considérés comme des oeuvres d'art, distinguer les morts "nationaux" appelés à rester sur le territoire et les autres, instituer la notion de profanation, largement punie. Derrière ces changements majeurs des relations entre les os, les cendres et l'Etat se joue une nouvelle politique de la mort, méconnue et passionnante.
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