Noëlle Sabatier avait dix-neuf ans quand Narcisse Bonnet, son tuteur, vint la retirer définitivement de l'orphelinat où elle avait été élevée. Sa mère était morte en lui donnant le jour et son père, chirurgien d'avenir, ne lui survécut que quelques années. Il mourut, après la guerre, des suites d'une piqûre infectieuse contractée en opérant un blessé. Il y eut des discours sur sa tombe, on parla de lui comme d'un héros victime du devoir. À titre posthume, on lui décerna même la croix de la Légion d'honneur ; mais il était sans fortune, et il laissait derrière lui une fillette de sept ans que nul parent ne se souciait d'élever.