Extrait
I
Le train s’arrêta avec un bruit de wagons heurtés, accompagné du grincement des roues mal huilées. C’était un train de petite ligne et, comme tel, composé du plus vieux matériel de la Compagnie. Il marchait toujours avec une sage lenteur, sans se soucier des récriminations de ceux qu’il transportait, et faisait devant chacune des petites gares de son parcours de longues pauses qui demeuraient inexpliquées pour les profanes, la ligne n’ayant jamais le moindre encombrement et les voyageurs étant plutôt rares, sauf au moment des foires et des fêtes du pays.
À la gare de Dreuzès, deux personnes descendirent d’un wagon de troisième classe. Le chef de gare et l’homme d’équipe jetèrent un coup d’œil apitoyé vers l’homme qui s’avançait lentement, d’un pas chancelant. Son corps d’une effrayante maigreur flottait dans ses vêtements usés, fanés, sa haute taille se voûtait comme celle d’un vieillard. Mais le visage surtout frappait par sa lividité, par ses traits profondément creusés et ses yeux très enfoncés dans l’orbite.
L’étranger, de la main gauche, tenait un vieux sac de cuir ; l’autre serrait celle d’une petite fille d’une douzaine d’années, vêtue d’une robe grise dont l’étoffe élimée attestait un long usage. Un vieux chapeau de paille noire était posé sur la chevelure d’un blond merveilleusement doré, qui formait une lourde natte tombant sur le dos de l’enfant.
L’homme marchait comme un automate. Il tendit machinalement ses deux billets au chef de gare qui enveloppait d’un regard curieux ces gens inconnus dans le pays... Des gens pauvres, sûrement. Mais l’homme, sous son allure abattue, conservait un air de fierté, de distinction tout à fait indéniable.
Cependant, il semblait que cet étranger connaissait déjà les lieux. Sans une hésitation, il se dirigeait vers une petite route traversière qui conduisait directement au village dont le clocher pointait vers le ciel d’un bleu très pâle...
I
Le train s’arrêta avec un bruit de wagons heurtés, accompagné du grincement des roues mal huilées. C’était un train de petite ligne et, comme tel, composé du plus vieux matériel de la Compagnie. Il marchait toujours avec une sage lenteur, sans se soucier des récriminations de ceux qu’il transportait, et faisait devant chacune des petites gares de son parcours de longues pauses qui demeuraient inexpliquées pour les profanes, la ligne n’ayant jamais le moindre encombrement et les voyageurs étant plutôt rares, sauf au moment des foires et des fêtes du pays.
À la gare de Dreuzès, deux personnes descendirent d’un wagon de troisième classe. Le chef de gare et l’homme d’équipe jetèrent un coup d’œil apitoyé vers l’homme qui s’avançait lentement, d’un pas chancelant. Son corps d’une effrayante maigreur flottait dans ses vêtements usés, fanés, sa haute taille se voûtait comme celle d’un vieillard. Mais le visage surtout frappait par sa lividité, par ses traits profondément creusés et ses yeux très enfoncés dans l’orbite.
L’étranger, de la main gauche, tenait un vieux sac de cuir ; l’autre serrait celle d’une petite fille d’une douzaine d’années, vêtue d’une robe grise dont l’étoffe élimée attestait un long usage. Un vieux chapeau de paille noire était posé sur la chevelure d’un blond merveilleusement doré, qui formait une lourde natte tombant sur le dos de l’enfant.
L’homme marchait comme un automate. Il tendit machinalement ses deux billets au chef de gare qui enveloppait d’un regard curieux ces gens inconnus dans le pays... Des gens pauvres, sûrement. Mais l’homme, sous son allure abattue, conservait un air de fierté, de distinction tout à fait indéniable.
Cependant, il semblait que cet étranger connaissait déjà les lieux. Sans une hésitation, il se dirigeait vers une petite route traversière qui conduisait directement au village dont le clocher pointait vers le ciel d’un bleu très pâle...