Parmi tant d’hommes célèbres qui honorèrent l’antique Université de Salamanque dont le renom fut immense au Siècle d’Or, se détache une figure : celle de Fray Luis de León. À la fois philosophe, philologue, théologien poète et musicien, Fray Luis de León, qui instruisit et enthousiasma des générations d’étudiants par sa parole, ses ouvrages et ses vers, ne se présente- t-il pas à nous comme un héros de la Légende dorée, lui qui, par surcroît, alla, durant plus de quatre années, expier dans les cachots de l’Inquisition les audaces novatrices de son verbe et de sa plume ?
N’est-elle pas faite pour séduire les philosophes l’attachante personnalité de cet éminent professeur, qui composa, au fond de sa prison, le puissant traité des Noms du Christ : « chef-d'oeuvre de l’humanisme chrétien » où sont exprimées, avec une rare profondeur, les conceptions les plus complexes de la métaphysique et de la théologie ?
Or, si la critique internationale a, sans nul doute, fouillé très exhaustivement les sources françaises, italiennes, anglaises et allemandes de la pensée de cette extraordinaire période de l’Histoire, en revanche il semble qu’elle ail notablement négligé l’apport espagnol.
Certes, on n’a pas manqué de s’intéresser aux aspects proprement artistiques et littéraires du Siglo de Oro ; nul n’ignore, de nos jours, les richesses de l'humanisme poétique, dramatique et romanesque de l’Espagne d’alors. Mais peu d’érudits ont scruté la pensée espagnole elle-même ; préférant s’attacher aux côtés les plus superficiels de l’esprit castillan ou andalou, on a, en retour, trop oublié le fond doctrinal de l’hispanisme sous la Renaissance et la Contre-Réforme. C’est ainsi qu’on a fort peu lu les philosophes et les théologiens d’outre-Pyrénées, si ce n’est peut-être les casuistes vilipendés, de la façon qu’on sait, par notre grand Pascal. A-t-on même soupçonné leur existence ? Seuls, Cervantès, Louis de Grenade, sainte Thérèse, saint Jean de la Croix et Francisco de Vitoria sont aujourd’hui vraiment connus du public cultivé. Mais aucune étude vraiment scientifique ne s’est portée jusqu’à ces derniers temps sur les grands noms, notamment Fray Luis de Léon, de valeur insigne pourtant et dont la pensée résonne en filigrane très fortement encore dans tous les débats philosophiques et théologiques de toute l’Europe
À PROPOS DE L'AUTEUR
Alain Guy - Philosophe et hispaniste français né à La Rochelle le 11 août 1918 et mort à Narbonne le 7 novembre 1998 a été professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Toulouse-Le Mirail et fondateur et directeur du Centre de philosophie ibérique et ibéro-américaine. Il s'installe à Salamanque en 1936 pour connaître Miguel de Unamuno. Sa première recherche a été Esquisse des Progrès de la spéculation philosophique et théologique à Salamanque au cours du XVIe Siècle, publiée à Paris, Vrin, 1943. Sa principale thèse présentée à l'Université de Grenoble (1942) intitulée La Pensée de Frère Luis de Léon : Contribution à l'étude de la philosophie espagnole au XVIe siècle, publiée à Paris, Vrin 1943 – date à laquelle il devient docteur èslettres – est traduite en espagnol en 1960. Il a dédié sa vie à l'étude de la philosophie espagnole et latino-américaine, pour la faire connaître non seulement à l'étranger, mais aussi en Espagne. Il a été membre de l'Académie littéraire de la Rochelle, titulaire de la célèbre Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse fondée en 1640. Il était également Officier de l'Institution Post (1967) et Chevalier de la Légion d'Honneur. En Espagne il a appartenu à la Société espagnole de philosophie, fut le fondateur honoraire de l'association Hispanisme philosophique ainsi que le partenaire de la SITA (Sociedad Internacional Tomâs de Aquino). En 1978, il a reçu la Croix de Commandeur de l'Ordre d'Isabelle la Catholique et en 1986 a reçu des doctorats honorifiques de l'Université de Salamanque. Particulièrement remarqué en tant que fondateur et directeur du Centre de philosophie ibérique et latino-américain dans cette université (1967-1987)2, il a visité toute sa vie l'Espagne avec son épouse, également hispaniste, Reine Guy. Il a étudié le travail de frère Luis de León, puis ceux de Juan Luis Vives, Miguel de Unamuno et José Ortega y Gasset tout en s'intéressant à des auteurs plus modernes. Le fruit de cet intérêt était l'Histoire de la philosophie espagnole, publié en 1982 et qu'il a traduit en espagnol en 1985. Il a également traduit Idée de la Métaphysique de Julián Marías, préfacé par Henri Gouhier, publications de l'Université de Toulouse-Le Mirail, Nihilisme et expérience extrême de Victor Massuh ainsi que Au cours des dernières années de la paix à la guerre de Miguel de Unamuno. Il a fait don de sa bibliothèque, riche de 3200 volumes spécialisés dans la philosophie espagnole, au Centre Pompidou.
N’est-elle pas faite pour séduire les philosophes l’attachante personnalité de cet éminent professeur, qui composa, au fond de sa prison, le puissant traité des Noms du Christ : « chef-d'oeuvre de l’humanisme chrétien » où sont exprimées, avec une rare profondeur, les conceptions les plus complexes de la métaphysique et de la théologie ?
Or, si la critique internationale a, sans nul doute, fouillé très exhaustivement les sources françaises, italiennes, anglaises et allemandes de la pensée de cette extraordinaire période de l’Histoire, en revanche il semble qu’elle ail notablement négligé l’apport espagnol.
Certes, on n’a pas manqué de s’intéresser aux aspects proprement artistiques et littéraires du Siglo de Oro ; nul n’ignore, de nos jours, les richesses de l'humanisme poétique, dramatique et romanesque de l’Espagne d’alors. Mais peu d’érudits ont scruté la pensée espagnole elle-même ; préférant s’attacher aux côtés les plus superficiels de l’esprit castillan ou andalou, on a, en retour, trop oublié le fond doctrinal de l’hispanisme sous la Renaissance et la Contre-Réforme. C’est ainsi qu’on a fort peu lu les philosophes et les théologiens d’outre-Pyrénées, si ce n’est peut-être les casuistes vilipendés, de la façon qu’on sait, par notre grand Pascal. A-t-on même soupçonné leur existence ? Seuls, Cervantès, Louis de Grenade, sainte Thérèse, saint Jean de la Croix et Francisco de Vitoria sont aujourd’hui vraiment connus du public cultivé. Mais aucune étude vraiment scientifique ne s’est portée jusqu’à ces derniers temps sur les grands noms, notamment Fray Luis de Léon, de valeur insigne pourtant et dont la pensée résonne en filigrane très fortement encore dans tous les débats philosophiques et théologiques de toute l’Europe
À PROPOS DE L'AUTEUR
Alain Guy - Philosophe et hispaniste français né à La Rochelle le 11 août 1918 et mort à Narbonne le 7 novembre 1998 a été professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Toulouse-Le Mirail et fondateur et directeur du Centre de philosophie ibérique et ibéro-américaine. Il s'installe à Salamanque en 1936 pour connaître Miguel de Unamuno. Sa première recherche a été Esquisse des Progrès de la spéculation philosophique et théologique à Salamanque au cours du XVIe Siècle, publiée à Paris, Vrin, 1943. Sa principale thèse présentée à l'Université de Grenoble (1942) intitulée La Pensée de Frère Luis de Léon : Contribution à l'étude de la philosophie espagnole au XVIe siècle, publiée à Paris, Vrin 1943 – date à laquelle il devient docteur èslettres – est traduite en espagnol en 1960. Il a dédié sa vie à l'étude de la philosophie espagnole et latino-américaine, pour la faire connaître non seulement à l'étranger, mais aussi en Espagne. Il a été membre de l'Académie littéraire de la Rochelle, titulaire de la célèbre Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse fondée en 1640. Il était également Officier de l'Institution Post (1967) et Chevalier de la Légion d'Honneur. En Espagne il a appartenu à la Société espagnole de philosophie, fut le fondateur honoraire de l'association Hispanisme philosophique ainsi que le partenaire de la SITA (Sociedad Internacional Tomâs de Aquino). En 1978, il a reçu la Croix de Commandeur de l'Ordre d'Isabelle la Catholique et en 1986 a reçu des doctorats honorifiques de l'Université de Salamanque. Particulièrement remarqué en tant que fondateur et directeur du Centre de philosophie ibérique et latino-américain dans cette université (1967-1987)2, il a visité toute sa vie l'Espagne avec son épouse, également hispaniste, Reine Guy. Il a étudié le travail de frère Luis de León, puis ceux de Juan Luis Vives, Miguel de Unamuno et José Ortega y Gasset tout en s'intéressant à des auteurs plus modernes. Le fruit de cet intérêt était l'Histoire de la philosophie espagnole, publié en 1982 et qu'il a traduit en espagnol en 1985. Il a également traduit Idée de la Métaphysique de Julián Marías, préfacé par Henri Gouhier, publications de l'Université de Toulouse-Le Mirail, Nihilisme et expérience extrême de Victor Massuh ainsi que Au cours des dernières années de la paix à la guerre de Miguel de Unamuno. Il a fait don de sa bibliothèque, riche de 3200 volumes spécialisés dans la philosophie espagnole, au Centre Pompidou.