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Extrait I Par les fenêtres largement ouvertes, le soleil de juin entrait dans la salle d’étude, grande pièce aux tentures claires, aux meubles faits d’un bois jaune pâle, veiné de rose ; il glissait sur les livres et les cahiers couvrant la table de travail et venait éclairer la blonde chevelure bouclée et le beau visage du jeune roi d’Esthénie, appliqué à la solution d’un difficile problème de mathématiques. Un calme absolu s’étendait aux alentours. Pendant ses séjours au château de Volaïna, le roi Boris – l’élève le plus studieux de son royaume, disaient les courtisans – venait toujours…mehr

Produktbeschreibung
Extrait
I
Par les fenêtres largement ouvertes, le soleil de juin entrait dans la salle d’étude, grande pièce aux tentures claires, aux meubles faits d’un bois jaune pâle, veiné de rose ; il glissait sur les livres et les cahiers couvrant la table de travail et venait éclairer la blonde chevelure bouclée et le beau visage du jeune roi d’Esthénie, appliqué à la solution d’un difficile problème de mathématiques.
Un calme absolu s’étendait aux alentours. Pendant ses séjours au château de Volaïna, le roi Boris – l’élève le plus studieux de son royaume, disaient les courtisans – venait toujours travailler dans ce pavillon placé à la lisière du parc, près de la forêt qu’il aimait passionnément. Ce jeune souverain de seize ans était déjà remarquablement instruit et montrait un précoce sérieux, qui ne nuisait aucunement, d’ailleurs, à la gaieté de son âge dans l’intimité de sa famille et avec ses compagnons de jeu.
Dans la pièce voisine, le gouverneur de Sa Majesté, le général Doubrekto, se plongeait dans la lecture d’un récent traité de tactique militaire. Tout à l’étude d’une palpitante question stratégique, il en oubliait son royal pupille, dont le temps de récréation avait sonné depuis quelques instants.
Mais le jeune souverain venait de résoudre victorieusement le problème donné, et, levant les yeux sur le cartel pendu en face de lui, il s’avisait qu’il était temps d’aller changer de vêtements pour la promenade à cheval projetée avec ses amis.
Il ferma ses cahiers et se leva vivement. Le soleil, mauvais courtisan, vint le frapper au visage, l’obligeant à baisser les yeux, ces grands yeux noirs si beaux et si fiers, mais si doux aussi lorsqu’il le voulait, qui avaient pris le cœur de ses sujets et faisaient dire à un vieux soldat complimenté par lui sur une action d’état : « Pour un regard de mon petit roi, j’en ferai bien encore à la douzaine ! »...