Extrait
L’aube paraissait un peu brouillée, une lueur incertaine flottait sur la campagne à travers laquelle le train filait en jetant des coups de sifflets stridents. Dans le wagon, bien chauffé cependant, une fraîcheur pénétrait qui refroidissait la voyageuse malgré le vêtement fourré dont elle était couverte.
Peu à peu, Mlle Nouey sortait de la somnolence qui l’avait envahie depuis quelques heures. Ses yeux s’ouvrirent, sa main, par un geste machinal de femme soigneuse, lissa les bandeaux châtains qui encadraient son visage mince, un peu flétri. Elle se redressa enfin, complètement éveillée, secoua son vêtement, où s’étaient formés quelques plis... En même temps son regard se dirigeait vers l’autre extrémité du wagon.
Là se trouvaient une dame enveloppée d’une mante noire de piètre apparence et deux enfants de huit à dix ans. En montant dans ce compartiment au milieu de la nuit, Mlle Nouey les avait trouvés là... Et la dame avait conservé exactement la même position qu’elle lui avait vue alors, la tête tournée vers la vitre et cachée entre les mains, sans un mouvement autre que celui imprimé par le train.
En face d’elle, les enfants étaient immobiles, serrés l’un contre l’autre très éveillés, eux, et visiblement grelottants sous leurs vêtements râpés. Ils étaient tous deux minces et frêles, mais ne se ressemblaient pas ; la petite fille, qui semblait l’aînée, avait un visage au teint mat, aux traits un peu forts, et une superbe chevelure blond cendré tombant en deux longues nattes sur ses épaules. La physionomie du petit garçon était fine, plus délicate ; son teint ressortait, très blanc, près des boucles brunes qui ombrageaient son front...
L’aube paraissait un peu brouillée, une lueur incertaine flottait sur la campagne à travers laquelle le train filait en jetant des coups de sifflets stridents. Dans le wagon, bien chauffé cependant, une fraîcheur pénétrait qui refroidissait la voyageuse malgré le vêtement fourré dont elle était couverte.
Peu à peu, Mlle Nouey sortait de la somnolence qui l’avait envahie depuis quelques heures. Ses yeux s’ouvrirent, sa main, par un geste machinal de femme soigneuse, lissa les bandeaux châtains qui encadraient son visage mince, un peu flétri. Elle se redressa enfin, complètement éveillée, secoua son vêtement, où s’étaient formés quelques plis... En même temps son regard se dirigeait vers l’autre extrémité du wagon.
Là se trouvaient une dame enveloppée d’une mante noire de piètre apparence et deux enfants de huit à dix ans. En montant dans ce compartiment au milieu de la nuit, Mlle Nouey les avait trouvés là... Et la dame avait conservé exactement la même position qu’elle lui avait vue alors, la tête tournée vers la vitre et cachée entre les mains, sans un mouvement autre que celui imprimé par le train.
En face d’elle, les enfants étaient immobiles, serrés l’un contre l’autre très éveillés, eux, et visiblement grelottants sous leurs vêtements râpés. Ils étaient tous deux minces et frêles, mais ne se ressemblaient pas ; la petite fille, qui semblait l’aînée, avait un visage au teint mat, aux traits un peu forts, et une superbe chevelure blond cendré tombant en deux longues nattes sur ses épaules. La physionomie du petit garçon était fine, plus délicate ; son teint ressortait, très blanc, près des boucles brunes qui ombrageaient son front...