Plongez dans deux histoires qui se chevauchent et incarnez les pensées de la narratrice, entre réalité et imaginaire.
Mantoue est trop loin enchevêtre deux histoires : celle de la narratrice, une femme moderne, dont nous ignorons d’abord le nom, et celle d’Hilda, qui a vécu il y a plusieurs siècles, à une époque toutefois difficile à situer.
Les deux histoires se répondent. L’une semble être la réalité, l’autre une fiction que la narratrice invente ou dont elle se souvient. Ces deux mondes coexistent. Se rapprochent jusqu’à fusionner.
Certes, cette fusion engendre une certaine confusion. Nous voulons comprendre, mais nous ne pouvons pas comprendre, parce que nous sommes incarnés dans une femme qui est en train de se construire, de se créer.
Ce roman de Madeleine Bourdouxhe, peu connu en Belgique, mérite cependant d'être mis en valeur. L'auteure nous invite à nous perdre avec la narratrice et nous partage ainsi une belle renvendication de liberté.
EXTRAIT
Les voyageurs arrivent à l’auberge où ils passeront la nuit ; la salle est presque déserte ; la table qu’ils ont choisie, et que l’on orne de candélabres, est placée devant un feu ouvert qui les réconforte en cette soirée trop fraîche. Après le repas, Hilda, Jassy et Olivier jouent aux tarots. Bientôt, le jeu consiste à tricher avec le plus d’astuce possible et, quand un des joueurs est pris sur le fait, c’est à la grande joie des deux autres. Ainsi s’achève la soirée dans le havre de cette auberge où tout souci semble banni de la mémoire.
Un peu avant le moment de gagner les chambres, le Chevalier est sorti pour vérifier lui-même les soins donnés aux chevaux. Hilda et Olivier sont assis dans une partie plus obscure de la salle. Ils se taisent. La flamme ne les éclaire qu’à demi et de nouveau d’une manière étrange, comme si la lumière qui les touche les figeait toujours dans le silence et à la fois dans une certaine intensité, eux-mêmes et tout ce qui les entoure. Cela ne dure qu’un instant, Olivier se détourne, Hilda bouge la main, tout se remet à vivre de manière quotidienne.
Dès le matin les voyageurs ont continué leur route, Au cours de l’après-midi, ils passent devant un champ de blé mêlé de pavots rouges, ils descendent de voiture, ils marchent le long de ce champ, ils reviennent, les bras chargés de fleurs. « Ma brassée est bien le double de la vôtre », dit Olivier. Il reste immobile tenant haut son bouquet rougeoyant.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Madeleine Bourdouxhe (1906-1996) est née à Liège. Elle étudie la philosophie et fréquente, avec son mari, les milieux surréalistes de Bruxelles ainsi que Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre.
Surtout connue pour son roman La femme de Gilles, elle a toutefois écrit de nombreux autres textes.
Son œuvre est, aujourd’hui encore, traduite dans de nombreuses langues, alors que Mantoue est trop loin demeure inédit à ce jour.
Mantoue est trop loin enchevêtre deux histoires : celle de la narratrice, une femme moderne, dont nous ignorons d’abord le nom, et celle d’Hilda, qui a vécu il y a plusieurs siècles, à une époque toutefois difficile à situer.
Les deux histoires se répondent. L’une semble être la réalité, l’autre une fiction que la narratrice invente ou dont elle se souvient. Ces deux mondes coexistent. Se rapprochent jusqu’à fusionner.
Certes, cette fusion engendre une certaine confusion. Nous voulons comprendre, mais nous ne pouvons pas comprendre, parce que nous sommes incarnés dans une femme qui est en train de se construire, de se créer.
Ce roman de Madeleine Bourdouxhe, peu connu en Belgique, mérite cependant d'être mis en valeur. L'auteure nous invite à nous perdre avec la narratrice et nous partage ainsi une belle renvendication de liberté.
EXTRAIT
Les voyageurs arrivent à l’auberge où ils passeront la nuit ; la salle est presque déserte ; la table qu’ils ont choisie, et que l’on orne de candélabres, est placée devant un feu ouvert qui les réconforte en cette soirée trop fraîche. Après le repas, Hilda, Jassy et Olivier jouent aux tarots. Bientôt, le jeu consiste à tricher avec le plus d’astuce possible et, quand un des joueurs est pris sur le fait, c’est à la grande joie des deux autres. Ainsi s’achève la soirée dans le havre de cette auberge où tout souci semble banni de la mémoire.
Un peu avant le moment de gagner les chambres, le Chevalier est sorti pour vérifier lui-même les soins donnés aux chevaux. Hilda et Olivier sont assis dans une partie plus obscure de la salle. Ils se taisent. La flamme ne les éclaire qu’à demi et de nouveau d’une manière étrange, comme si la lumière qui les touche les figeait toujours dans le silence et à la fois dans une certaine intensité, eux-mêmes et tout ce qui les entoure. Cela ne dure qu’un instant, Olivier se détourne, Hilda bouge la main, tout se remet à vivre de manière quotidienne.
Dès le matin les voyageurs ont continué leur route, Au cours de l’après-midi, ils passent devant un champ de blé mêlé de pavots rouges, ils descendent de voiture, ils marchent le long de ce champ, ils reviennent, les bras chargés de fleurs. « Ma brassée est bien le double de la vôtre », dit Olivier. Il reste immobile tenant haut son bouquet rougeoyant.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Madeleine Bourdouxhe (1906-1996) est née à Liège. Elle étudie la philosophie et fréquente, avec son mari, les milieux surréalistes de Bruxelles ainsi que Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre.
Surtout connue pour son roman La femme de Gilles, elle a toutefois écrit de nombreux autres textes.
Son œuvre est, aujourd’hui encore, traduite dans de nombreuses langues, alors que Mantoue est trop loin demeure inédit à ce jour.