Lucien Gachon a labouré la terre. Il la porte en lui, en connaît les parlers et les rites : il en sait l’âme.
Maria nous mène au cœur de la vie de nos campagnes, au lendemain de la guerre de 1914-1918. Le paysan vit encore en symbiose avec les lois contraignantes de la nature, qu’il accepte avec une sagesse teintée de lassitude. Son pessimisme foncier, un brin fataliste, s’allie à l’ardeur de la tâche. Il se livre peu : la besogne quotidienne le révèle plus que les petites joies et les grandes peines. Son univers se limite aux frontières du village, ce solide rempart contre une civilisation qui veut le bousculer. Isolé des bruits du monde, son terroir est son royaume. Maria peint avec fidélité cette vie de paysan. L’héroïne a entr’aperçu les fièvres citadines et l’amour romancé. Mais, très vite, dès son arrivée dans sa belle-famille, s’engage une lutte sans merci pour la maîtrise de la terre. L’histoire, affrontement impitoyable des jeunes et des vieux, peut sembler bien sombre. Pourtant, habités par des forces souterraines, ces êtres taillés dans le roc emportent notre sympathie : une vitalité touchante se cache au tréfonds de leur campagne rugueuse.
Loin du roman rural qui se contente de chanter la douceur des collines, le rythme des saisons et les caprices du ciel, Maria est un joyau ciselé par l'âpreté du labeur et des jours.
EXTRAIT
Maria était une grande et belle fille de vingt-deux ans, sortie, on le voyait, d’un bon moule, et moulée, elle aussi, pour fabriquer des grenadiers ; toute blonde et rose sur les joues avec un peu la peau brûlée, malgré le grand chapeau de paille qu’elle avait posé sur un genêt. Un corsage clair et un tablier grand comme un mouchoir collaient sur le corset qui lui faisait la taille fine, les hanches larges, tandis que sa jupe tailleur, tendue par ses jambes écartées, se creusait entre ses cuisses sous la tête sommeillante de Médor.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Un « maître-livre ». - Alexandre Vialatte
À PROPOS DE L'AUTEUR
Avant d’être romancier, Lucien Gachon (1894-1984) est géographe. Issu d'une famille paysanne modeste installée dans le Puy-de-Dôme, il est d’abord instituteur pendant dix-sept années (1915-1931), puis, professeur à la Faculté des lettres de Besançon (1937-1952), et il termine sa carrière à l’université de Clermont-Ferrand en tant que professeur de géographie (1952-1964). Ses débuts littéraires seront patronnés par Henri Pourrat, son maître et ami. Lucien Gachon s'impose comme l'un des meilleurs romanciers auvergnats ayant pour sujet l'univers paysan. Maria a frôlé le prix Goncourt en 1925, attribué à Maurice Genevoix pour Raboliot.
Maria nous mène au cœur de la vie de nos campagnes, au lendemain de la guerre de 1914-1918. Le paysan vit encore en symbiose avec les lois contraignantes de la nature, qu’il accepte avec une sagesse teintée de lassitude. Son pessimisme foncier, un brin fataliste, s’allie à l’ardeur de la tâche. Il se livre peu : la besogne quotidienne le révèle plus que les petites joies et les grandes peines. Son univers se limite aux frontières du village, ce solide rempart contre une civilisation qui veut le bousculer. Isolé des bruits du monde, son terroir est son royaume. Maria peint avec fidélité cette vie de paysan. L’héroïne a entr’aperçu les fièvres citadines et l’amour romancé. Mais, très vite, dès son arrivée dans sa belle-famille, s’engage une lutte sans merci pour la maîtrise de la terre. L’histoire, affrontement impitoyable des jeunes et des vieux, peut sembler bien sombre. Pourtant, habités par des forces souterraines, ces êtres taillés dans le roc emportent notre sympathie : une vitalité touchante se cache au tréfonds de leur campagne rugueuse.
Loin du roman rural qui se contente de chanter la douceur des collines, le rythme des saisons et les caprices du ciel, Maria est un joyau ciselé par l'âpreté du labeur et des jours.
EXTRAIT
Maria était une grande et belle fille de vingt-deux ans, sortie, on le voyait, d’un bon moule, et moulée, elle aussi, pour fabriquer des grenadiers ; toute blonde et rose sur les joues avec un peu la peau brûlée, malgré le grand chapeau de paille qu’elle avait posé sur un genêt. Un corsage clair et un tablier grand comme un mouchoir collaient sur le corset qui lui faisait la taille fine, les hanches larges, tandis que sa jupe tailleur, tendue par ses jambes écartées, se creusait entre ses cuisses sous la tête sommeillante de Médor.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Un « maître-livre ». - Alexandre Vialatte
À PROPOS DE L'AUTEUR
Avant d’être romancier, Lucien Gachon (1894-1984) est géographe. Issu d'une famille paysanne modeste installée dans le Puy-de-Dôme, il est d’abord instituteur pendant dix-sept années (1915-1931), puis, professeur à la Faculté des lettres de Besançon (1937-1952), et il termine sa carrière à l’université de Clermont-Ferrand en tant que professeur de géographie (1952-1964). Ses débuts littéraires seront patronnés par Henri Pourrat, son maître et ami. Lucien Gachon s'impose comme l'un des meilleurs romanciers auvergnats ayant pour sujet l'univers paysan. Maria a frôlé le prix Goncourt en 1925, attribué à Maurice Genevoix pour Raboliot.