Un cataclysme a englouti l'Europe du sud et le Moyen-Orient et Paris est devenu un port méditerranéen. Du côté de la Mer Morte, frappée à nouveau quarante siècles après la disparition de Sodome et Gomorrhe, la terre s'ouvre et un mystérieux sel violet en jaillit. Son goût et ses propriétés en font une denrée indispensable à tous, qui se vend à prix d'or. Voilà un roman « bizarrissime » : le monde qu'il décrit, situé dans un avenir non précisé, est à la fois agressivement moderne -, dominé par une multinationale toute-puissante, la Compagnie - et violemment archaïque. Dans la Colonie lointaine, l'absence de la technologie moderne nous ramène plus d'un siècle en arrière. De la science-fiction régressive, en quelque sorte. À moins que cette histoire ne nous emmène, sans le dire, au coeur du présent ? Elle nous décrit une société totalitaire, organisée à l'extrême, fondée sur le mensonge et la terreur . D'un côté, à Paris, un personnage minuscule, solitaire, dépressif, affronte un monstre anonyme, la Compagnie, en un combat feutré. De l'autre, dans l'effroyable Colonie, cinq forcenés se déchirent, pantins ridicules dans un déluge de péripéties démentes, sanglantes et absurdes. C'est grotesque et sinistre. Drôle et désespéré. La femme de Loth, livre ahurissant, roman d'aventures à l'humour grinçant, parabole sur la folie de notre monde actuel et de l'horreur économique.
EXTRAIT
La Colonie n’est pas visible depuis la mer. S’accordent en cela les marins les plus aguerris eux-mêmes, tel le capitaine Cortez, depuis vingt ans au service de la Compagnie et qui pourrait naviguer les yeux fermés dans ces eaux mauves. C’est là d’ailleurs la seule façon de naviguer : les yeux fermés.
Ce jeudi-là, le jeune enseigne de vaisseau Richmond, placé sous le commandement de Cortez, ne semblait pas dans son assiette : il présentait tous les symptômes habituels aux nouveaux venus dans la Colonie. Je m’efforce de me rappeler son expression, son regard, le ton de sa voix pour découvrir le sens profond de sa confession ivre, à supposer que ce délire ait un sens profond. Vos Excellences liront et jugeront. Je m’engage à rapporter dans cette lettre tout ce qu’il m’a confié, mot pour mot, sans omission ni ajout d’aucune sorte, que Dieu m’en soit témoin.
Comme je vous le disais, lorsque nous eûmes tous les quatre mené à bien le transport du coffre vert, Richmond et moi quittâmes le Palais du Gouverneur vers neuf heures et demie du soir. Ma fille nous transmit d’abord l’ordre de lady Regina : « Fichez le camp tous les quatre, Le Gouverneur Bera se repose ». Le langage de ma fille, voyez-vous, n’est pas d’une élégance extrême, et depuis que le gouverneur Bera l’a prise à son service pour repasser les culottes de la lady, grand honneur pour moi assurément, elle est devenue effrontée et ne respecte plus du tout son père — la pauvre enfant.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Un livre intelligent et absurde. Un vrai plaisir à dévorer consciencieusement. - Skorpionnan, Babelio
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ioàna Bourazopoùlou est née en 1968 à Athènes. Après des études en Grèce et en Angleterre, elle travaille aujourd'hui avec le ministère grec de la Santé. Elle a publié trois romans : Le boudoir de Nadir (2003), L'eau secrète (2005) et Qu'a-t-elle vu, la femme de Loth ? (2007), Prix de la revue Deskata, Prix de la ville d'Athènes.
EXTRAIT
La Colonie n’est pas visible depuis la mer. S’accordent en cela les marins les plus aguerris eux-mêmes, tel le capitaine Cortez, depuis vingt ans au service de la Compagnie et qui pourrait naviguer les yeux fermés dans ces eaux mauves. C’est là d’ailleurs la seule façon de naviguer : les yeux fermés.
Ce jeudi-là, le jeune enseigne de vaisseau Richmond, placé sous le commandement de Cortez, ne semblait pas dans son assiette : il présentait tous les symptômes habituels aux nouveaux venus dans la Colonie. Je m’efforce de me rappeler son expression, son regard, le ton de sa voix pour découvrir le sens profond de sa confession ivre, à supposer que ce délire ait un sens profond. Vos Excellences liront et jugeront. Je m’engage à rapporter dans cette lettre tout ce qu’il m’a confié, mot pour mot, sans omission ni ajout d’aucune sorte, que Dieu m’en soit témoin.
Comme je vous le disais, lorsque nous eûmes tous les quatre mené à bien le transport du coffre vert, Richmond et moi quittâmes le Palais du Gouverneur vers neuf heures et demie du soir. Ma fille nous transmit d’abord l’ordre de lady Regina : « Fichez le camp tous les quatre, Le Gouverneur Bera se repose ». Le langage de ma fille, voyez-vous, n’est pas d’une élégance extrême, et depuis que le gouverneur Bera l’a prise à son service pour repasser les culottes de la lady, grand honneur pour moi assurément, elle est devenue effrontée et ne respecte plus du tout son père — la pauvre enfant.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Un livre intelligent et absurde. Un vrai plaisir à dévorer consciencieusement. - Skorpionnan, Babelio
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ioàna Bourazopoùlou est née en 1968 à Athènes. Après des études en Grèce et en Angleterre, elle travaille aujourd'hui avec le ministère grec de la Santé. Elle a publié trois romans : Le boudoir de Nadir (2003), L'eau secrète (2005) et Qu'a-t-elle vu, la femme de Loth ? (2007), Prix de la revue Deskata, Prix de la ville d'Athènes.