A la découverte des spécificité du mode de vie afghan.
L'ancien président de l'association Amitié franco-afghane témoigne de la tradition d'accueil chez les Afghans. Il décrit les spécificités du mode de vie en Afghanistan et propose des conseils aux visiteurs étrangers pour des rencontres dans le cadre familial ou officiel, en ville ou à la campagne.
Découvrez l'Afghanistan et ses spécificités à travers une description de sa culture et profitez d'une série de conseils pour des rencontres familiales ou officielles.
EXTRAIT
On ne peut pas nier que la société afghane est violente. En haut de l’échelle du pouvoir, ceci est facilement mesurable si l’on considère les successions de monarques ou de chefs d’État. Pour le seul XXe siècle87, le roi Habibollâh a été assassiné (en 1919), son successeur, Amânollâh, a dû s’enfuir (en 1929), renversé par le Batcha-e saqao (« fils du porteur d’eau ») qui, lui, fut exécuté et remplacé par Nâder Châh lui-même assassiné (en 1933). Son fils, Zâher Châh, fut renversé (en 1973) par le prince Dâoud qui mourut les armes à la main (en 1978) sous les balles des communistes. Taraki fut étouffé (en 1979) sur les ordres d’Hafizullâh Amin, lequel fut exécuté la même année par les Soviétiques quand ils envahirent l’Afghanistan. Babrak Karmal eut la chance d’être limogé en douceur et remplacé par Nadjibullâh qui fut tué puis pendu par les tâlebân (en 1996). Quant à Mollah Omar, le chef des tâlebân, il dut s’enfuir (en 2001) sous les bombardements américains. Il serait mort en 2013 dans la clandestinité, tandis que son successeur, Mollah Mansour, a été tué dans un bombardement américain en 2016. Histoire mouvementée donc, au vu de ce résumé sommaire mais parlant.
Cette violence au sommet s’est manifestée aussi dans le comportement du pouvoir à l’égard de toute opposition réelle ou seulement crainte. La répression menée par Abdul Rahmân Khân contre les Hazâras à la fin du XIXe siècle fut terrible. Son souvenir reste vif. Les pratiques du roi Nâder (1931-1933) furent d’une grande cruauté. Hâchem Khân, qui exerça une forme de régence en tant que Premier ministre de 1933 à 1946, mit en prison un grand nombre d’intellectuels. Les communistes écrasèrent en 1978 et 1979 toute forme d’opposition en exécutant, souvent sans procès, des dizaines de milliers de personnes. La guerre civile entre les différents groupes de modjahedin donna lieu à des exactions épouvantables.
À PROPOS DES AUTEURS
Etienne Gille fut professeur de mathématiques au lycée Esteqlal, le lycée franco-afghan de Kaboul. Il est un des fondateurs de l’Association AFRANE (Amitié franco-afghane) dont il fut jusque tout récemment le président. Il a effectué de nombreuses missions en Afghanistan et est directeur de la publication et rédacteur en chef de la revue Les Nouvelles d’Afghanistan.
Olivier Roy (né en 1949) est un politologue français spécialiste de l'Islam. Après avoir appris le persan à l'Inalco, il devient agrégé de philosophie en 1972, mais sa carrière d’enseignant a été entrecoupée par de nombreux voyages en Afghanistan. Il a par ailleurs participé à des combats aux côtés de la résistance pendant la guerre d'Afghanistan contre l'URSS dans les années 1980. Il s'est ensuite installé en Asie centrale pour étudier l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. Devenu docteur de l'Institut d'études politiques de Paris en sciences politiques en 1996, il a été promu directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à l'EHESS dans l'équipe Domaine turc. Il est également chercheur associé au Centre de recherches internationales (CERI). Depuis septembre 2009, il est professeur à l'Institut universitaire européen de Florence (Italie), où il dirige le Programme méditerranéen.
L'ancien président de l'association Amitié franco-afghane témoigne de la tradition d'accueil chez les Afghans. Il décrit les spécificités du mode de vie en Afghanistan et propose des conseils aux visiteurs étrangers pour des rencontres dans le cadre familial ou officiel, en ville ou à la campagne.
Découvrez l'Afghanistan et ses spécificités à travers une description de sa culture et profitez d'une série de conseils pour des rencontres familiales ou officielles.
EXTRAIT
On ne peut pas nier que la société afghane est violente. En haut de l’échelle du pouvoir, ceci est facilement mesurable si l’on considère les successions de monarques ou de chefs d’État. Pour le seul XXe siècle87, le roi Habibollâh a été assassiné (en 1919), son successeur, Amânollâh, a dû s’enfuir (en 1929), renversé par le Batcha-e saqao (« fils du porteur d’eau ») qui, lui, fut exécuté et remplacé par Nâder Châh lui-même assassiné (en 1933). Son fils, Zâher Châh, fut renversé (en 1973) par le prince Dâoud qui mourut les armes à la main (en 1978) sous les balles des communistes. Taraki fut étouffé (en 1979) sur les ordres d’Hafizullâh Amin, lequel fut exécuté la même année par les Soviétiques quand ils envahirent l’Afghanistan. Babrak Karmal eut la chance d’être limogé en douceur et remplacé par Nadjibullâh qui fut tué puis pendu par les tâlebân (en 1996). Quant à Mollah Omar, le chef des tâlebân, il dut s’enfuir (en 2001) sous les bombardements américains. Il serait mort en 2013 dans la clandestinité, tandis que son successeur, Mollah Mansour, a été tué dans un bombardement américain en 2016. Histoire mouvementée donc, au vu de ce résumé sommaire mais parlant.
Cette violence au sommet s’est manifestée aussi dans le comportement du pouvoir à l’égard de toute opposition réelle ou seulement crainte. La répression menée par Abdul Rahmân Khân contre les Hazâras à la fin du XIXe siècle fut terrible. Son souvenir reste vif. Les pratiques du roi Nâder (1931-1933) furent d’une grande cruauté. Hâchem Khân, qui exerça une forme de régence en tant que Premier ministre de 1933 à 1946, mit en prison un grand nombre d’intellectuels. Les communistes écrasèrent en 1978 et 1979 toute forme d’opposition en exécutant, souvent sans procès, des dizaines de milliers de personnes. La guerre civile entre les différents groupes de modjahedin donna lieu à des exactions épouvantables.
À PROPOS DES AUTEURS
Etienne Gille fut professeur de mathématiques au lycée Esteqlal, le lycée franco-afghan de Kaboul. Il est un des fondateurs de l’Association AFRANE (Amitié franco-afghane) dont il fut jusque tout récemment le président. Il a effectué de nombreuses missions en Afghanistan et est directeur de la publication et rédacteur en chef de la revue Les Nouvelles d’Afghanistan.
Olivier Roy (né en 1949) est un politologue français spécialiste de l'Islam. Après avoir appris le persan à l'Inalco, il devient agrégé de philosophie en 1972, mais sa carrière d’enseignant a été entrecoupée par de nombreux voyages en Afghanistan. Il a par ailleurs participé à des combats aux côtés de la résistance pendant la guerre d'Afghanistan contre l'URSS dans les années 1980. Il s'est ensuite installé en Asie centrale pour étudier l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. Devenu docteur de l'Institut d'études politiques de Paris en sciences politiques en 1996, il a été promu directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à l'EHESS dans l'équipe Domaine turc. Il est également chercheur associé au Centre de recherches internationales (CERI). Depuis septembre 2009, il est professeur à l'Institut universitaire européen de Florence (Italie), où il dirige le Programme méditerranéen.