Alors que tout espoir semble perdu, le jeune Rwandais Dieudonné lutte encore pour sa survie... La lune jette un voile sur le drame qui s'est abattu sur le pays. Elle s'applique à étendre son linceul blafard, partout où la folie des hommes a sévi. Le défi est immense, mais sa patience à elle est sans bornes.Prostré dans cette fosse commune, le jeune garçon attend. Il perçoit le bourdonnement de dizaines de mouches qui s'affairent au-dessus de lui. Depuis son réveil, un relent putride a envahi le trou. Il ne fait qu'amplifier. Dieudonné reconnaît l'odeur des charniers qu'il a croisés maintes fois lors de sa fuite avec les siens. Il ferme les yeux, il se pince le nez et respire par sa bouche asséchée. Lorsqu'il rouvre les yeux, c'est pour constater que sa seconde journée dans sa prison va prendre fin. Un roman poignant sur les exactions perpétrées au Rwanda À PROPOS DE L'AUTEURKiné-ostéopathe installé dans la vallée de l’Ourthe, Jean-Marie Adam est l’auteur, avec le Padre Quertemont, de Adoption, une famille dans la tourmente , dans lequel il révèle sa passion pour l’Afrique où il passe ses vacances pour venir en aide aux plus démunis. L’auteur compte aujourd'hui plusieurs romans à son actif, dont Coulent la rivière et les jours heureux .CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE- "Voilà une terrible histoire, à la fois horrible et magnifique, qui se lit d’une traite." - Joseph Bodson, AREAW EXTRAIT– Mama Milimo, raconte-moi l’histoire de la poule et de ses trois poussins .Dieudonné se souvient et sourit. Sa grand-mère l’asseyait sur ses genoux :– Tu n’en préfères pas une autre ?– Non, grand-mère, c’est celle-là que je veux.L’enfant prenait place, blotti contre la vieille Milimo :– C’était au temps où les serpents étaient légion dans tous les villages. J’étais jeune alors, je me souviens que, presque tous les jours, on entendait dire qu’un enfant, un papa ou une maman avait été mordus et étaient morts dans de grandes souffrances. Il en existe encore aujourd’hui, mais beaucoup moins heureusement. Conscientes du danger, les mamans mettaient en garde leurs petits.À cet instant de l’histoire, Dieudonné intervenait toujours :– Ils étaient comment, les serpents ?– Il en existait de plusieurs sortes, mais ceux qu’on craignait le plus, étaient de couleur verte, comme les bananiers. De taille moyenne, ils s’introduisaient dans les poulaillers pour gober les oeufs et les poussins. Ils les avalaient tout ronds et s’endormaient en les digérant. Parfois même, ils entraient dans les maisons et semaient la désolation. Nous vivions la plupart du temps avec mes petites soeurs et mes petits frères dans la cour devant la maison de nos parents. Ils possédaient un coq et quatre poules. Nous mangions les oeufs et, parfois, aux grandes occasions, maman sacrifiait une poule, ou le coq. C’était la fête alors. On rognait les os, on les cassait avec nos dents pour en sucer la moelle.