Jean Lafargue, quinquagénaire désabusé et écrivain sans succès, revient à Saint-Marsan, en Chalosse. Ce village natal, que Jean a fui très tôt, avec l'existence médiocre qui lui était promise, il le trouvait mort, désert. Aujourd'hui, il comprend que c'est à sa désertification, à l'absence de supermarchés, de lotissements, d'usines, que le village doit d'avoir survécu, de ne pas avoir été défiguré, dénaturé. Or voilà que les autorités se sont mis en tête de le repeupler, de « redynamiser le tissu économique » en y accueillant plusieurs dizaines de migrants. Du curé à l'instituteur, tout le Marsanais s'enthousiasme pour ce projet. Seul Jean s'en inquiète, car « c'est une chose, pense-t-il, que de recevoir, dans une France prospère et conquérante, quelques milliers d'étrangers, conscients de leur chance ; c'en est une autre que d'en accueillir, dans un pays appauvri et déclinant, des centaines de milliers, d'une culture et d'une religion différentes, et qui n'éprouvent pas de reconnaissance particulière pour leurs hôtes. » À PROPOS DE L'AUTEUR Bruno Lafourcade a publié des romans, des essais et des pamphlets ; il a écrit des notes critiques, notamment pour La Revue littéraire, et tient une rubrique, « Nos figures », dans la revue Éléments ; il publie aussi, sur son blog, des textes brefs (https://brunolafourcade.wordpress.com [archive]). D'abord remarqué par Roland Jaccard, pour un essai mordant sur le suicide (« Lafourcade [...] est d'une cruauté incroyable et d'une drôlerie face à tous les travers de nos sociétés qui vaut bien celles des grands pamphlétaires du siècle précédent » , il est vraiment découvert avec L'Ivraie, un roman sur l'enseignement, bien que ce ne soit pas, selon le romancier Patrice Jean, « un roman sur l'école, mais un roman sur l'effondrement moral de l'Europe », « le grand roman du recouvrement de la vérité par la masse ». Jean-Claude Hauc qualifie pour sa part L'Ivraie de « roman urticant », « à la fois hilarant et désespérant » ; Christian Authier juge que, « au-delà de son style et de sa drôlerie, en dépit de longueurs et de redites, L'Ivraie nous touche par sa mélancolie. » ; enfin, le critique Jérôme Dupuis estime que « L'Ivraie, par sa radicalité, regorge de scènes justes, cruelles, dérangeantes » Depuis, Bruno Lafourcade alterne romans et pamphlets, ce qui a fait dire à Christopher Gérard : « Dans La Chartreuse de Parme, Stendhal proclame, non sans une certaine mauvaise foi, que "la politique dans une oeuvre d'art, c'est un coup de pistolet au milieu d'un concert" : avec Lafourcade, il faut parler de canonnade, tant le polémiste de race se déchaîne contre l'imposture aux mille faces, toujours avec esprit et dans une langue précise servie par un style percutant.
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