Extrait
I
La famille Arzen
Losbéleuc est une petite ville bretonne joliment située au bord d’une rivière très claire et entourée de bois jusqu’ici épargnés par la cognée dévastatrice qui dénude impitoyablement tant de nos plus belles contrées. C’est aussi une très vieille ville, extrêmement fière de son ancien quartier, où les rues étroites n’ont pas un pavé égal à l’autre, où les maisons, datant du règne de la duchesse Anne, offrent au touriste archéologue, ou simplement curieux du passé, ample matière à étude et à observations.
L’église, très sombre, est un curieux spécimen d’architecture du temps, le pont qui enjambe la rivière en est un autre. Ici, c’est une tourelle travaillée comme une dentelle de pierre ; là, une fenêtre à meneaux qui fait tressaillir d’admiration les connaisseurs ; plus loin, une vénérable fontaine qui porte les armes de Bretagne.
Il n’est pas jusqu’à l’herbe poussant entre les pavés, jusqu’à la moisissure verdâtre couvrant certains des vieux logis, jusqu’aux délicieux jardins livrés à eux-mêmes et dévalant, en luxuriantes vagues de verdure échevelée, vers la paisible rivière, qui n’ajoutent à l’ancien quartier une note de pittoresque et d’archaïque poésie.
Losbéleuc a aussi un quartier neuf, près de la gare – une jolie gare blanche qui voit descendre peu de voyageurs, la petite ville n’offrant d’attraits qu’à ceux que le passé attire.
Le mot neuf doit s’entendre ici comme terme de comparaison, car la plupart des demeures qui composent ce quartier, pour n’avoir pas eu l’honneur de voir le règne de la bonne duchesse, n’en sont pas moins assez vénérables. Tel, entre autres, se présente le logis de maître Arzen, principal notaire de Losbéleuc, une bonne vieille maison sans prétentions architecturales, où toute la nichée trouve largement à se caser, où l’air et le jour circulent librement dans les grandes pièces auxquelles on n’a pas ménagé les fenêtres.
Une famille charmante, ces Arzen. Sept enfants, fort bien élevés par des parents très tendres et très fermes à la fois. De plus, une bonne-maman que chacun vénère...
I
La famille Arzen
Losbéleuc est une petite ville bretonne joliment située au bord d’une rivière très claire et entourée de bois jusqu’ici épargnés par la cognée dévastatrice qui dénude impitoyablement tant de nos plus belles contrées. C’est aussi une très vieille ville, extrêmement fière de son ancien quartier, où les rues étroites n’ont pas un pavé égal à l’autre, où les maisons, datant du règne de la duchesse Anne, offrent au touriste archéologue, ou simplement curieux du passé, ample matière à étude et à observations.
L’église, très sombre, est un curieux spécimen d’architecture du temps, le pont qui enjambe la rivière en est un autre. Ici, c’est une tourelle travaillée comme une dentelle de pierre ; là, une fenêtre à meneaux qui fait tressaillir d’admiration les connaisseurs ; plus loin, une vénérable fontaine qui porte les armes de Bretagne.
Il n’est pas jusqu’à l’herbe poussant entre les pavés, jusqu’à la moisissure verdâtre couvrant certains des vieux logis, jusqu’aux délicieux jardins livrés à eux-mêmes et dévalant, en luxuriantes vagues de verdure échevelée, vers la paisible rivière, qui n’ajoutent à l’ancien quartier une note de pittoresque et d’archaïque poésie.
Losbéleuc a aussi un quartier neuf, près de la gare – une jolie gare blanche qui voit descendre peu de voyageurs, la petite ville n’offrant d’attraits qu’à ceux que le passé attire.
Le mot neuf doit s’entendre ici comme terme de comparaison, car la plupart des demeures qui composent ce quartier, pour n’avoir pas eu l’honneur de voir le règne de la bonne duchesse, n’en sont pas moins assez vénérables. Tel, entre autres, se présente le logis de maître Arzen, principal notaire de Losbéleuc, une bonne vieille maison sans prétentions architecturales, où toute la nichée trouve largement à se caser, où l’air et le jour circulent librement dans les grandes pièces auxquelles on n’a pas ménagé les fenêtres.
Une famille charmante, ces Arzen. Sept enfants, fort bien élevés par des parents très tendres et très fermes à la fois. De plus, une bonne-maman que chacun vénère...