Extrait
I
Donna Paola Tecci donnait une réunion dansante, cet après-midi-là, dans les jardins de sa villa sise aux portes de Florence... Bien qu’elle eût atteint la soixantaine, le mouvement, les fêtes, les distractions de tous genres restaient pleins d’attraits, pour cette femme qui avait été l’une des beautés choyées de Rome et de Paris, où son mari avait exercé longtemps des fonctions diplomatiques. Veuve depuis cinq ans, elle s’était retirée dans sa ville natale, et très vite avait groupé autour d’elle un cercle d’amis attirés par sa large hospitalité, son esprit resté vif et brillant, et par l’atmosphère de gaieté que l’on était sûr de trouver chez elle.
Car son veuvage ne lui pesait guère, et si par hasard quelque pensée mélancolique lui venait, elle s’empressait de la secouer au plus vite.
Sa nature frivole était incapable de méchanceté tout aussi bien que de dévouement. Une certaine bonté facile faisait dire d’elle : « C’est un cœur d’or... » En réalité, elle s’occupait d’autrui quand elle devait en recueillir quelque avantage – ou tout au moins n’en éprouver aucun dérangement.
C’est ainsi qu’elle chaperonnait en ce moment une jeune orpheline dont elle avait connu les parents à Paris. Fabienne de Varsac, une jolie fille de vingt-deux ans, intelligente et gaie, était une compagne fort agréable. En outre, donna Paola, qui aimait faire des mariages, projetait d’unir la charmante Française, pourvue d’une belle dot, à un sien cousin dont le jeu venait de dévorer les derniers deniers.
La réunion de cet après-midi était donnée en l’honneur de Mlle Varsac. Vêtue de rose pâle, simple et gracieuse, la jeune fille se trouvait fort entourée. Donna Paola, tout en recevant les invités qui continuaient d’arriver, jetait de son côté des coups d’œil satisfaits... Sa petite fête serait un succès, grâce à cette délicieuse Fabienne... Et Camillo se montrait fort empressé, visiblement conquis, lui qui se prétendait fort difficile. Pourtant, abstraction faite de son physique assez avantageux, il n’avait guère le droit de l’être... car enfin... hum !... ce charmant garçon n’avait rien d’un aigle, donna Paola le reconnaissait avec sincérité, en son for intérieur. Sans parler de ses nombreuses fredaines qui avaient fait mourir de chagrin sa pieuse mère...
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Donna Paola Tecci donnait une réunion dansante, cet après-midi-là, dans les jardins de sa villa sise aux portes de Florence... Bien qu’elle eût atteint la soixantaine, le mouvement, les fêtes, les distractions de tous genres restaient pleins d’attraits, pour cette femme qui avait été l’une des beautés choyées de Rome et de Paris, où son mari avait exercé longtemps des fonctions diplomatiques. Veuve depuis cinq ans, elle s’était retirée dans sa ville natale, et très vite avait groupé autour d’elle un cercle d’amis attirés par sa large hospitalité, son esprit resté vif et brillant, et par l’atmosphère de gaieté que l’on était sûr de trouver chez elle.
Car son veuvage ne lui pesait guère, et si par hasard quelque pensée mélancolique lui venait, elle s’empressait de la secouer au plus vite.
Sa nature frivole était incapable de méchanceté tout aussi bien que de dévouement. Une certaine bonté facile faisait dire d’elle : « C’est un cœur d’or... » En réalité, elle s’occupait d’autrui quand elle devait en recueillir quelque avantage – ou tout au moins n’en éprouver aucun dérangement.
C’est ainsi qu’elle chaperonnait en ce moment une jeune orpheline dont elle avait connu les parents à Paris. Fabienne de Varsac, une jolie fille de vingt-deux ans, intelligente et gaie, était une compagne fort agréable. En outre, donna Paola, qui aimait faire des mariages, projetait d’unir la charmante Française, pourvue d’une belle dot, à un sien cousin dont le jeu venait de dévorer les derniers deniers.
La réunion de cet après-midi était donnée en l’honneur de Mlle Varsac. Vêtue de rose pâle, simple et gracieuse, la jeune fille se trouvait fort entourée. Donna Paola, tout en recevant les invités qui continuaient d’arriver, jetait de son côté des coups d’œil satisfaits... Sa petite fête serait un succès, grâce à cette délicieuse Fabienne... Et Camillo se montrait fort empressé, visiblement conquis, lui qui se prétendait fort difficile. Pourtant, abstraction faite de son physique assez avantageux, il n’avait guère le droit de l’être... car enfin... hum !... ce charmant garçon n’avait rien d’un aigle, donna Paola le reconnaissait avec sincérité, en son for intérieur. Sans parler de ses nombreuses fredaines qui avaient fait mourir de chagrin sa pieuse mère...