Les aventures incroyables de deux pélerins chinois.
Le récit détaillé des voyages que firent, au VIIe siècle, les moines chinois vers l'Inde, à la recherche des textes bouddhiques. Parmi ces pèlerinages riches en péripéties, celui de Hiuan-tsang est le plus renommé car il inspira l'un des plus célèbres romans de la littérature chinoise, La pérégrination vers l'Ouest.
Suivez pas à pas les péripéties de pélerins chinois qui, animés par leur foi, se dirigent vers l'Inde afin d'y trouver des textes bouddhiques.
EXTRAIT
À ces mots, Çîlabhadra ne put retenir ses larmes. Et il fit raconter à Hiuan-tsang l’extraordinaire pressentiment qu’il avait eu de son arrivée : Quelque temps auparavant, souffrant d’une cruelle maladie, il avait désiré mourir. Une nuit, il vit en songe trois divinités. Leur taille était belle et leur figure pleine de dignité, ils étaient vêtus d’habits de cérémonie aussi légers que brillants. Le premier était couleur d’or, le second de lapis-lazuli, le troisième d’argent blanc. C’étaient les bodhisattva Mañjuçrî, Avalokiteçvara et Maitreya. Ils lui étaient apparus, lui ordonnant de vivre pour répandre au loin la Loi sainte avec la doctrine idéaliste, et d’attendre pour cela l’arrivée d’un religieux venu de Chine auquel il enseignerait la science. « Puisque mon arrivée, répondit Hiuan-tsang, est d’accord avec votre ancien songe, veuillez m’instruire et m’éclairer ; mettez le comble à ma joie en me permettant de vous montrer les sentiments d’un disciple docile et dévoué ! »
Le pèlerin chinois avait enfin trouvé le maître omniscient, le métaphysicien incomparable qui allait lui révéler les derniers secrets des systèmes idéalistes. Car, avec lui, Hiuan-tsang atteignait la pure tradition de l’École, transmise de maître à élève par une lignée de métaphysiciens de génie. Les fondateurs de l’idéalisme mahâyâniste, Asanga et Vasubandhu, dont la production, d’après MM. Sylvain Lévi et Takakusu, se place au Ve siècle de notre ère11, avaient eu pour disciple le logicien Dignaga ; Dignaga avait formé Dharmapâla, chef de l’École de Nâlandâ, mort vers 560, et Dharmapâla, à son tour, avait été le maître de Çîlabhadra.
C’était donc bien tout l’héritage de l’idéalisme bouddhique que Çîlabhadra allait assurer au monde sino-japonais, et la Siddhi, le grand traité philosophique de Hiuan-tsang dont nous parlerons tout à l’heure, n’est pas autre chose que la Somme de cette doctrine, l’aboutissement de sept siècles de pensée indienne.
À PROPOS DE L'AUTEUR
René Grousset (1885-1952) fait partie d'une famille d’universitaires. Il fait ses études à Montpellier où il obtient sa licence d’histoire et de géographie à 18 ans. Il se passionne pour l’Asie qu’il considère dans sa globalité et avec la volonté de mettre à la portée du public cultivé les travaux érudits orientalistes. Après la Grande Guerre, où il a été grièvement blessé, il partage ses activités entre trois domaines : l’administration des musées, une impressionnante production d’ouvrages et l’enseignement. Grand humaniste, ses publications abondantes suscitent à la fois l’étonnement et l’admiration par l’étendue et la maîtrise des connaissances qu’elles supposent. Avec Sur les traces du Bouddha (1929), Grousset entraîne le lecteur dans une description des civilisations à propos du voyage de Chine en Inde du pélerin Hiuan-tsang (VIIe s.). Il est élu à l'Académie française en 1946.
André Bareau (1921-1993) était un orientaliste français, historien spécialiste du bouddhisme ancien. Il a découvert le sanskrit et le pali alors qu'il préparait une licence de philosophie à la Sorbonne, avant d’étudier le chinois et le tibétain. Docteur ès lettres, il fut professeur au Collège de France de 1971 à 1991, puis directeur d'études de philologie bouddhique à l'École pratique des hautes études.
Le récit détaillé des voyages que firent, au VIIe siècle, les moines chinois vers l'Inde, à la recherche des textes bouddhiques. Parmi ces pèlerinages riches en péripéties, celui de Hiuan-tsang est le plus renommé car il inspira l'un des plus célèbres romans de la littérature chinoise, La pérégrination vers l'Ouest.
Suivez pas à pas les péripéties de pélerins chinois qui, animés par leur foi, se dirigent vers l'Inde afin d'y trouver des textes bouddhiques.
EXTRAIT
À ces mots, Çîlabhadra ne put retenir ses larmes. Et il fit raconter à Hiuan-tsang l’extraordinaire pressentiment qu’il avait eu de son arrivée : Quelque temps auparavant, souffrant d’une cruelle maladie, il avait désiré mourir. Une nuit, il vit en songe trois divinités. Leur taille était belle et leur figure pleine de dignité, ils étaient vêtus d’habits de cérémonie aussi légers que brillants. Le premier était couleur d’or, le second de lapis-lazuli, le troisième d’argent blanc. C’étaient les bodhisattva Mañjuçrî, Avalokiteçvara et Maitreya. Ils lui étaient apparus, lui ordonnant de vivre pour répandre au loin la Loi sainte avec la doctrine idéaliste, et d’attendre pour cela l’arrivée d’un religieux venu de Chine auquel il enseignerait la science. « Puisque mon arrivée, répondit Hiuan-tsang, est d’accord avec votre ancien songe, veuillez m’instruire et m’éclairer ; mettez le comble à ma joie en me permettant de vous montrer les sentiments d’un disciple docile et dévoué ! »
Le pèlerin chinois avait enfin trouvé le maître omniscient, le métaphysicien incomparable qui allait lui révéler les derniers secrets des systèmes idéalistes. Car, avec lui, Hiuan-tsang atteignait la pure tradition de l’École, transmise de maître à élève par une lignée de métaphysiciens de génie. Les fondateurs de l’idéalisme mahâyâniste, Asanga et Vasubandhu, dont la production, d’après MM. Sylvain Lévi et Takakusu, se place au Ve siècle de notre ère11, avaient eu pour disciple le logicien Dignaga ; Dignaga avait formé Dharmapâla, chef de l’École de Nâlandâ, mort vers 560, et Dharmapâla, à son tour, avait été le maître de Çîlabhadra.
C’était donc bien tout l’héritage de l’idéalisme bouddhique que Çîlabhadra allait assurer au monde sino-japonais, et la Siddhi, le grand traité philosophique de Hiuan-tsang dont nous parlerons tout à l’heure, n’est pas autre chose que la Somme de cette doctrine, l’aboutissement de sept siècles de pensée indienne.
À PROPOS DE L'AUTEUR
René Grousset (1885-1952) fait partie d'une famille d’universitaires. Il fait ses études à Montpellier où il obtient sa licence d’histoire et de géographie à 18 ans. Il se passionne pour l’Asie qu’il considère dans sa globalité et avec la volonté de mettre à la portée du public cultivé les travaux érudits orientalistes. Après la Grande Guerre, où il a été grièvement blessé, il partage ses activités entre trois domaines : l’administration des musées, une impressionnante production d’ouvrages et l’enseignement. Grand humaniste, ses publications abondantes suscitent à la fois l’étonnement et l’admiration par l’étendue et la maîtrise des connaissances qu’elles supposent. Avec Sur les traces du Bouddha (1929), Grousset entraîne le lecteur dans une description des civilisations à propos du voyage de Chine en Inde du pélerin Hiuan-tsang (VIIe s.). Il est élu à l'Académie française en 1946.
André Bareau (1921-1993) était un orientaliste français, historien spécialiste du bouddhisme ancien. Il a découvert le sanskrit et le pali alors qu'il préparait une licence de philosophie à la Sorbonne, avant d’étudier le chinois et le tibétain. Docteur ès lettres, il fut professeur au Collège de France de 1971 à 1991, puis directeur d'études de philologie bouddhique à l'École pratique des hautes études.