Si les sièges et la prise des places ennemies nous rendent maîtres de leurs pays, la fortification nous en assure la possession, et peut garantir nos frontières des suites fâcheuses de la perte d’une bataille qui, sans ces précautions, pourrait donner lieu à l’ennemi d’étendre bien loin les fruits de sa victoire : c’est de quoi nous avons de grands exemples en France, aux Pays-Bas, en Italie, en Allemagne, et même en Espagne, tous pays dont les frontières sont fortifiées par quantité de bonnes places, notamment les Pays-Bas, où il y a peu de villes qui ne le soient. Tout le monde sait assez le temps qu’il y a qu’on y fait la guerre, sans qu’on ait jamais pu les conquérir totalement ; et qui voudrait faire attention sur ce qui s’y est passé depuis deux cents ans, trouverait qu’on y a donné plus de soixante batailles, fait plus de deux cents siéges de places en attaquant et défendant, sans qu’on ait pu les réduire entièrement.