En partant de trois documents trouvés aux Archives nationales d'outre-mer d'Aix-en-Provence, non publiés à ce jour, j'ai voulu éclairer un moment clé de l'art vietnamien ; celui où, en 1924, prend naissance le projet d'une Ecole des Beaux-Arts de l'Indochine à Hanoi. Celle-ci sera considérée dans toute l'historiographie du xxe siècle comme le lieu où se sont formés les premiers artistes de la modernité vietnamienne. Pour comprendre les prémisses de cette aventure, il fallait présenter le contexte culturel colonial et la personnalité de Victor Tardieu porteur de ce projet. Il fallait ensuite approfondir les arguments échangés dans la polémique opposant les auteurs des trois textes retenus ici et en mesurer la portée en les comparant aux idées qui circulaient à la même époque en Extrême-Orient. L'ambition d'atteindre à un art national faisant la « synthèse » des apports occidentaux et extrême-orientaux nous amenait ensuite à nous interroger sur la pertinence du concept de synthèse et son usage dans le cadre colonial. Au-delà de cette interrogation, c'était aussi une invitation à réfléchir sur l'interprétation d'une modernité extra-européenne qu'il convient d'apprécier à partir de critères nouveaux. Les trois documents ayant servi de point de départ à cette enquête sont reproduits intégralement en annexe.
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