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Un roman lyrique par celui dont Blaise Cendrars fit le héros de Rhum !
Au placer Élysée, dans la haute Guyane, un homme a vécu parmi nous qui n’était qu’une ombre. Il avait une âme délicate et tendre, des vêtements à l’ancienne mode et un corps translucide. Ce n’était qu’un esprit… et pourtant nous l’avons vu, nous lui avons parlé, il a été notre compagnon dans la jungle aux murs de lianes, d’orchidées et de colibris, dans la jungle aux murs vivants. Un homme de l’autre monde est venu parmi nous. Il est venu par le même sentier qui avait ramené au camp de chercheurs d’or, Pierre Deschamps,…mehr

Produktbeschreibung
Un roman lyrique par celui dont Blaise Cendrars fit le héros de Rhum !

Au placer Élysée, dans la haute Guyane, un homme a vécu parmi nous qui n’était qu’une ombre.
Il avait une âme délicate et tendre, des vêtements à l’ancienne mode et un corps translucide.
Ce n’était qu’un esprit… et pourtant nous l’avons vu, nous lui avons parlé, il a été notre compagnon dans la jungle aux murs de lianes, d’orchidées et de colibris, dans la jungle aux murs vivants.
Un homme de l’autre monde est venu parmi nous. Il est venu par le même sentier qui avait ramené au camp de chercheurs d’or, Pierre Deschamps, le chef dragueur, et Marthe, l’ensorceleuse…

Roman édité pour la première fois en 1922.

EXTRAIT

Maître, vous m’avez demandé un mémoire pour des juges.
Mais la vie qui va s’éteignant en moi, semblable à la lumière horizontale du couchant, n’éclaire plus que les hauteurs du passé.
Je cherche en vain les mots de colère et de haine… Il est trop tard. Et que dirais-je aux juges ?
J’ai construit, sous les tropiques, une maison dont les fenêtres donnent à la fois sur l’Orénoque et sur l’Amazone. Des lotus blancs planent sur les étangs en terrasses ; l’ombre des palmiers géants descend sur les îles, et les vents alizés font claquer sur les toits l’oriflamme de mon pays qui, pendant trois siècles, a dominé cette terre ardente.
Mais les pirates ont donné l’assaut.
Déjà les colonnes de l’édifice menacent de s’écrouler, la moisson desséchée des cannes à sucre brûle dans la plaine… Ils ont chassé les ouvriers des chantiers… Ils ont pillé jusqu’au secret trésor de mon foyer… Et moi, dans la cellule humide et glaciale, puis dans la chambre d’hôpital où ils me tiennent enfermé, je ne vois plus le jour qu’à travers un grillage.
Je cherche en vain les mots de colère et de haine. L’horizon qui s’ouvre derrière la pénombre douloureuse du présent est un embrasement de lumières. La lumière du passé jaillit entre les murs qui m’entourent comme une eau grondante à la barrière d’une écluse.
Maître, vous m’avez demandé un mémoire…
Dans la nuit qui m’enveloppe, je n’ai trouvé que ce rêve semblable au fond de mon âme à un fleuve phosphorescent, un soir dans la jungle.
Pendant que les pirates se partagent le butin, j’écris ce qui remplit ma vie. Tout le reste n’est rien.

CE QU’EN PENSE LA CRITIQUE

« Jean Galmot, héros de Rhum de Cendrars, fut accusé de tous les trafics, adulé en Guyane et victime en 1928 d'un bouillon à l'arsenic. Il écrivit en prison Un mort vivait parmi nous, une épopée suffocante des chercheurs d'or d'Amazonie. » (Antoine de Gaudemar, Libération)

À PROPOS DE L’AUTEUR

Jean Galmot (né le 2 juin 1879 à Monpazier, Dordogne – mort le 6 août 1928 à Cayenne, Guyane), journaliste, débarque en Guyane en 1906, s’associe avec d’anciens bagnards et fait commerce d’or. Devenu riche, il s’oppose aux familles créoles et prend parti avec les Noirs et les Indiens contre le bagne de Cayenne. Il achète une plantation pour produire du rhum et organise une collecte de la production des petits producteurs. Il provoque ainsi l’hostilité des autres exploitants prêts à tout pour préserver leurs intérêts. Élu député de la Guyane en 1919, il est impliqué pour escroquerie dans l’Affaire des rhums et son immunité parlementaire est levée avec son accord. Il est arrêté en avril 1921, puis emprisonné à la Santé neuf mois. Il se représente aux élections en Guyane alors que des émeutes éclatent à Cayenne. Jean Galmot meurt subitement.