Extrait
I
La vie est dans le chemin de la justice.
(Prov. XII, 28.)
Liane entra dans le parloir obscur où le foyer du poêle, derrière sa plaque de mica, mettait un point rouge ardent. Cette lueur éclairait le parquet brillant comme une glace, un peu aussi une partie de la grande table placée au centre, mais le reste de la pièce demeurait dans une ombre indécise.
Sans se heurter aux sièges disséminés çà et là, Liane alla tout droit au poêle et étendit au-dessus ses mains qu’elle venait de débarrasser rapidement de leurs gants fourrés. Malgré cette enveloppe protectrice, elles étaient littéralement glacées... Et, à mesure que la chaleur pénétrait ses membres raidis, une sensation plus intense de bien-être et de soulagement envahissait la jeune fille. Elle avait cruellement souffert sur cette grand-route balayée par une rafale glacée, surtout dans ce cimetière lointain exposé à tous les vents. La tristesse de ce pèlerinage à un tombeau s’était encore accrue de l’impitoyable rigueur de la température, et, sur la pierre qui recouvrait les restes mortels de Mary de Lœinstein née Degvil, les larmes versées par Liane étaient dues à la fois au souvenir de sa mère morte et au froid cruel qui raidissait ses membres en causant à cette énergique nature une pénible souffrance.
Mais ce devoir devait être accompli. Ce jour était l’anniversaire de la mort de Mme de Lœinstein.
Treize ans s’étaient écoulés depuis lors, mais Liane n’oubliait pas... Oh ! non, elle se rappelait toujours la mère timide et douce, au sourire rare mais si charmant, qui lui disait tendrement : « Ma Liane ! »..
I
La vie est dans le chemin de la justice.
(Prov. XII, 28.)
Liane entra dans le parloir obscur où le foyer du poêle, derrière sa plaque de mica, mettait un point rouge ardent. Cette lueur éclairait le parquet brillant comme une glace, un peu aussi une partie de la grande table placée au centre, mais le reste de la pièce demeurait dans une ombre indécise.
Sans se heurter aux sièges disséminés çà et là, Liane alla tout droit au poêle et étendit au-dessus ses mains qu’elle venait de débarrasser rapidement de leurs gants fourrés. Malgré cette enveloppe protectrice, elles étaient littéralement glacées... Et, à mesure que la chaleur pénétrait ses membres raidis, une sensation plus intense de bien-être et de soulagement envahissait la jeune fille. Elle avait cruellement souffert sur cette grand-route balayée par une rafale glacée, surtout dans ce cimetière lointain exposé à tous les vents. La tristesse de ce pèlerinage à un tombeau s’était encore accrue de l’impitoyable rigueur de la température, et, sur la pierre qui recouvrait les restes mortels de Mary de Lœinstein née Degvil, les larmes versées par Liane étaient dues à la fois au souvenir de sa mère morte et au froid cruel qui raidissait ses membres en causant à cette énergique nature une pénible souffrance.
Mais ce devoir devait être accompli. Ce jour était l’anniversaire de la mort de Mme de Lœinstein.
Treize ans s’étaient écoulés depuis lors, mais Liane n’oubliait pas... Oh ! non, elle se rappelait toujours la mère timide et douce, au sourire rare mais si charmant, qui lui disait tendrement : « Ma Liane ! »..