Extrait
I
Emmanuelle était seule maintenant dans la chapelle où flottait encore un léger parfum d’encens, presque annihilé par celui des roses et des lis qui garnissaient l’autel. La Sœur Marie-Colette, après avoir tout rangé dans le petit chœur où s’était donnée tout à l’heure la bénédiction du Saint Sacrement, venait de disparaître en refermant sur elle la porte de la sacristie. Derrière la grille et le voile noir du chœur des religieuses, la lente psalmodie avait cessé, les pieuses recluses s’étaient retirées.
Emmanuelle demeurait seule, le front entre ses mains, oubliant tout dans la ferveur de sa prière. Un rayon de soleil, passant à travers une vitre, se jouait sur son corsage de batiste blanche, sur ses doigts fins contre lesquels s’appuyait son front encadré de bandeaux noirs lisses et satinés.
Elle releva enfin la tête. Ses yeux bruns – d’un brun doré et chaud – se posèrent longuement sur le tabernacle. Un rayonnement étrange parut s’y réfléchir et se communiquer à toute cette jeune physionomie. La petite bouche délicate s’entrouvrit, murmura quelques mots, tandis que le teint blanc se rosait sous l’influence d’une émotion puissante.
Pendant quelques instants, Emmanuelle demeura ainsi. Une promesse ardente, passionnée, brûlait au fond de ses prunelles... Le son d’une cloche agitée à l’extérieur par la sœur tourière vint subitement la rappeler sur la terre. Elle se leva lentement, fit une profonde génuflexion et sortit de la chapelle.
– J’oubliais l’heure, ma Sœur ! dit-elle à la tourière qui lui adressait un petit salut amical.
– On n’est jamais mieux que près du Bon Dieu, mademoiselle.
Un peu du rayonnement qui avait éclairé tout à l’heure le regard d’Emmanuelle y apparut de nouveau.
– Oh ! oui ! Mais il ne faut pas, même pour le bonheur que nous goûtons près de Lui, oublier nos devoirs de la terre. Ma cousine va se demander ce que je deviens.
– Oh ! Mlle Claire doit bien se douter que vous avez laissé passer le temps en causant avec Notre-Seigneur ! dit la tourière en souriant. Bonsoir, mademoiselle Emmanuelle !...
I
Emmanuelle était seule maintenant dans la chapelle où flottait encore un léger parfum d’encens, presque annihilé par celui des roses et des lis qui garnissaient l’autel. La Sœur Marie-Colette, après avoir tout rangé dans le petit chœur où s’était donnée tout à l’heure la bénédiction du Saint Sacrement, venait de disparaître en refermant sur elle la porte de la sacristie. Derrière la grille et le voile noir du chœur des religieuses, la lente psalmodie avait cessé, les pieuses recluses s’étaient retirées.
Emmanuelle demeurait seule, le front entre ses mains, oubliant tout dans la ferveur de sa prière. Un rayon de soleil, passant à travers une vitre, se jouait sur son corsage de batiste blanche, sur ses doigts fins contre lesquels s’appuyait son front encadré de bandeaux noirs lisses et satinés.
Elle releva enfin la tête. Ses yeux bruns – d’un brun doré et chaud – se posèrent longuement sur le tabernacle. Un rayonnement étrange parut s’y réfléchir et se communiquer à toute cette jeune physionomie. La petite bouche délicate s’entrouvrit, murmura quelques mots, tandis que le teint blanc se rosait sous l’influence d’une émotion puissante.
Pendant quelques instants, Emmanuelle demeura ainsi. Une promesse ardente, passionnée, brûlait au fond de ses prunelles... Le son d’une cloche agitée à l’extérieur par la sœur tourière vint subitement la rappeler sur la terre. Elle se leva lentement, fit une profonde génuflexion et sortit de la chapelle.
– J’oubliais l’heure, ma Sœur ! dit-elle à la tourière qui lui adressait un petit salut amical.
– On n’est jamais mieux que près du Bon Dieu, mademoiselle.
Un peu du rayonnement qui avait éclairé tout à l’heure le regard d’Emmanuelle y apparut de nouveau.
– Oh ! oui ! Mais il ne faut pas, même pour le bonheur que nous goûtons près de Lui, oublier nos devoirs de la terre. Ma cousine va se demander ce que je deviens.
– Oh ! Mlle Claire doit bien se douter que vous avez laissé passer le temps en causant avec Notre-Seigneur ! dit la tourière en souriant. Bonsoir, mademoiselle Emmanuelle !...