"Finalement, j'ai pris une vie sabbatique" constate non sans surprise mon globe-trotter de patron en rentrant de son dernier pays visité, le Mustang.
C'était le 249e et dernier pays de sa longue liste. Le rêve d'André Brugiroux était de taille : voir le monde entier...il l'a réalisé! Moi, "Sire de la besace", son fidèle sac à dos, j'ai suivi ce diable de bourlingueur, que j'appelle affectueusement "Monsieur" André, sur tous les chemins de la terre et je peux certifier qu'il a passé sa vie sur la route. Cela nous a pris un demi-siècle en tout. Mon Maître et Seigneur a déjà relaté les dix-huit premières années de son rêve, au cours desquelles il a parcouru 400 000 kilomètres autour du monde en stop (de 1955 à 1973) dans La Terre n'est qu'un seul pays. C'est moi, votre humble serviteur à bretelles qui, en tant que témoin priviliégié, me charge maintenant de vous conter les péripéties et tribulations que mon patron a connues depuis cette odyssée. Car un apostolat de pacifiste l'a galvanisé dès son retour et son insatiable curiosité ne l'a jamais lâché, le malheureux !
"Mieux vaut voir une fois qu'entendre cent fois", dit le proverbe.
Dans Une vie sur la route, le globe-trotter André Brugiroux poursuit, non sans humour, le récit de ses voyages.
EXTRAIT
« Tu te crois malin de faire le tour du monde ! Tu ferais mieux de travailler et de te marier comme tes frères », grommela son père le 29 octobre 1973 en lui ouvrant le portail de leur pavillon de banlieue, à Brunoy.
Le retour commençait bien !
Voilà dix-huit ans qu'ils ne s'étaient pas vus et ce brave homme ne trouvait rien d'autre à bougonner ! Bonjour l'accueil ! « Monsieur » André aurait pu protester, dire quelque chose pour se justifier, mais à quoi bon... Son père ne pouvait pas comprendre. À regret, il enfila de suite l'escalier qui menait à sa mansarde. Son père n'entendra jamais aucune histoire de la formidable épopée qu'il venait de vivre. Sa mère, elle, aurait écouté avec intérêt mais elle les avait quittés malheureusement entre temps. Tout était là, comme dans son souvenir. Il me laissa tomber machinalement sur le parquet, d'un geste mille fois répété. Sans grande précaution, comme d'habitude. Il était enfin de retour. Il déroula son duvet auprès de moi pour se reposer un peu. Il y avait déjà belle lurette qu'il ne supportait plus le moelleux d'un lit. Dents crispées, il tenta de s'allonger dessus, le dos cisaillé par une douleur contractée la veille sur les planches glaciales d'une cabane abandonnée de Troyes.
Mon Rouletabosse de patron était au bout du rouleau après avoir parcouru le monde entier au cours des six dernières années de sa longue absence. En stop, qui plus est. Il ne savait même pas comment il avait pu continuer à avancer après la dysenterie qui lui avait sapé ses dernières forces au Pakistan, ni comment il avait réussi ensuite à sillonner l'Afrique et à remonter jusqu'au Cap Nord, avant d'abandonner. Pécuniairement il aurait pu tenir deux cents jours de plus. Il lui restait encore des pays à voir, certes, mais il lui était impossible de continuer car il avait déjà été au-delà du supportable et son corps lui criait « pouce » !
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né en 1937, le globe-trotter André Brugiroux a parcouru tous les pays et territoires du monde en l'espace de 50 ans, de 1955 à 2005. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels La Terre n'est qu'un seul pays et Les Chemins de la Paix.
C'était le 249e et dernier pays de sa longue liste. Le rêve d'André Brugiroux était de taille : voir le monde entier...il l'a réalisé! Moi, "Sire de la besace", son fidèle sac à dos, j'ai suivi ce diable de bourlingueur, que j'appelle affectueusement "Monsieur" André, sur tous les chemins de la terre et je peux certifier qu'il a passé sa vie sur la route. Cela nous a pris un demi-siècle en tout. Mon Maître et Seigneur a déjà relaté les dix-huit premières années de son rêve, au cours desquelles il a parcouru 400 000 kilomètres autour du monde en stop (de 1955 à 1973) dans La Terre n'est qu'un seul pays. C'est moi, votre humble serviteur à bretelles qui, en tant que témoin priviliégié, me charge maintenant de vous conter les péripéties et tribulations que mon patron a connues depuis cette odyssée. Car un apostolat de pacifiste l'a galvanisé dès son retour et son insatiable curiosité ne l'a jamais lâché, le malheureux !
"Mieux vaut voir une fois qu'entendre cent fois", dit le proverbe.
Dans Une vie sur la route, le globe-trotter André Brugiroux poursuit, non sans humour, le récit de ses voyages.
EXTRAIT
« Tu te crois malin de faire le tour du monde ! Tu ferais mieux de travailler et de te marier comme tes frères », grommela son père le 29 octobre 1973 en lui ouvrant le portail de leur pavillon de banlieue, à Brunoy.
Le retour commençait bien !
Voilà dix-huit ans qu'ils ne s'étaient pas vus et ce brave homme ne trouvait rien d'autre à bougonner ! Bonjour l'accueil ! « Monsieur » André aurait pu protester, dire quelque chose pour se justifier, mais à quoi bon... Son père ne pouvait pas comprendre. À regret, il enfila de suite l'escalier qui menait à sa mansarde. Son père n'entendra jamais aucune histoire de la formidable épopée qu'il venait de vivre. Sa mère, elle, aurait écouté avec intérêt mais elle les avait quittés malheureusement entre temps. Tout était là, comme dans son souvenir. Il me laissa tomber machinalement sur le parquet, d'un geste mille fois répété. Sans grande précaution, comme d'habitude. Il était enfin de retour. Il déroula son duvet auprès de moi pour se reposer un peu. Il y avait déjà belle lurette qu'il ne supportait plus le moelleux d'un lit. Dents crispées, il tenta de s'allonger dessus, le dos cisaillé par une douleur contractée la veille sur les planches glaciales d'une cabane abandonnée de Troyes.
Mon Rouletabosse de patron était au bout du rouleau après avoir parcouru le monde entier au cours des six dernières années de sa longue absence. En stop, qui plus est. Il ne savait même pas comment il avait pu continuer à avancer après la dysenterie qui lui avait sapé ses dernières forces au Pakistan, ni comment il avait réussi ensuite à sillonner l'Afrique et à remonter jusqu'au Cap Nord, avant d'abandonner. Pécuniairement il aurait pu tenir deux cents jours de plus. Il lui restait encore des pays à voir, certes, mais il lui était impossible de continuer car il avait déjà été au-delà du supportable et son corps lui criait « pouce » !
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né en 1937, le globe-trotter André Brugiroux a parcouru tous les pays et territoires du monde en l'espace de 50 ans, de 1955 à 2005. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels La Terre n'est qu'un seul pays et Les Chemins de la Paix.
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