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Une question fondamentale pour la logique et l'anthropologie sous-tend la thèse défendue ici par M. Gildas Nzokou. Elle s'énonce comme suit : Peuton aborder la notion d'inférence avec la même rigueur théorique dans les civilisations de l'oralité que dans les cultures ayant des systèmes d'écriture ? Cette question est pertinente. En effet, une longue chaîne de raisonnements exige le support de l'écrit. C'est pour cette raison que la pratique argumentative dans les civilisations de l'oralité repose sur l'usage de proverbes, qui par nature sont toujours courts. Pour évaluer le niveau de…mehr

Produktbeschreibung
Une question fondamentale pour la logique et l'anthropologie sous-tend la thèse défendue ici par M. Gildas Nzokou. Elle s'énonce comme suit : Peuton aborder la notion d'inférence avec la même rigueur théorique dans les civilisations de l'oralité que dans les cultures ayant des systèmes d'écriture ? Cette question est pertinente. En effet, une longue chaîne de raisonnements exige le support de l'écrit. C'est pour cette raison que la pratique argumentative dans les civilisations de l'oralité repose sur l'usage de proverbes, qui par nature sont toujours courts. Pour évaluer le niveau de rationalité du proverbe, il ne faut pas le mesurer à l'aune de l'inférence déductive qui joue un si grand rôle en mathématique, il faut, au contraire, le comparer aux raisonnements de sens commun dont la théorie a été faite aux cours des trente dernières années par les chercheurs en intelligence artificielle. Ceux-ci ont montré que le raisonnement de sens commun se conformait à d'autres canons que ceux de la logique déductive, à savoir les canons de la logique non monotone, ceux du raisonnement par défaut ou encore les principes qui gouvernent la révision des connaissances. Ils ont traité les raisonnements de sens commun avec autant de rigueur que les théoriciens du raisonnement déductif traitent les raisonnements du mathématicien. La leçon que l'auteur tire de sa comparaison entre les argumentations de sens commun formalisées par les chercheurs en intelligence artificielle et les argumentations fondées sur des proverbes peut se résumer ainsi : " la logique est plurielle, mais la raison est une et universelle. C'est une même exigence de rationalité qui habite le raisonnement déductif du mathématicien, la logique non monotone, le raisonnement par défaut et l'argumentation reposant sur des proverbes. Cette rationalité se manifeste par la soumission à des normes ". On peut traiter avec autant de rigueur l'argumentation reposant sur des proverbes et la déduction opérée par le mathématicien. Paul GOCHET (1932-2011), Ancien Membre de l'Académie Royale de Belgique et de l'Académie Internationale de Philosophie des Sciences, Liège, Octobre 2010.
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