Dans Les deux sources de la morale et de la religion, Henri Bergson démontre que malgré sa conception complexe et son appropriation parfois élitiste, le mysticisme ou religion dynamique, est capable de libérer l'humanité de ses vicissitudes morales, politiques et scientifiques. En distinguant la morale close (propre de la religion statique) de la morale ouverte (propre de la religion dynamique), Bergson établit une véritable scission entre les forces fabulatrices dont la téléologie ultime est de renforcer le conformisme social en promouvant les désirs antihumanistes de l'instinct naturel de l'homme et les forces constructrices qui développent, à l'image du héros ou du Christ des Evangiles, des énergies positives favorables à l'existence pacifique et progressiste d'une société qui ne tient plus pour substrat le désir permanent du nouveau ou la satisfaction tous azimuts de nos passions démesurées, mais uniquement l'idée de l'homme et de la nature comme référentiels axiologiques nécessaires à la mise sur pieds d'une société humainement acceptable.