Notre recherche vise à comprendre pourquoi, en France, l'action publique dans le champ de l'emploi reste globalement peu perméable à la catégorie hommes/femmes, et au problème des discriminations entre les sexes sur le marché du travail. On a pris le parti de saisir ce phénomène à travers l'analyse des modalités de traduction du "référentiel" communautaire d'égalité des chances entre hommes et femmes dans la politique de l'emploi, et ce au niveau national et local. On a pu vérifier empiriquement que la permanence des référents normatifs, tout comme les changements mineurs intervenus depuis la fin des années 90 dans le traitement de cette question au sein des politiques de l'emploi, s'expliquaient de manière heuristique, à partir de l'hypothèse d'appropriation stratégique des normes par les acteurs en présence. En ce sens, la réception de la "matrice cognitive et normative" communautaire, et les modifications des "espaces de sens" qui ont pu en découler, sont conditionnées par les stratégies que les acteurs développent à la fois pour conserver la maîtrise de leur champ d'action, et accroître leur légitimité dans le système de gouvernance polycentrique.