Comment faire le récit d'un événement dont on a été témoin, et dont on est convaincu de la dangerosité ? Tel est est le défi auquel se trouve confronté Charles Lacretelle (1766-1855), journaliste royaliste, amené à produire son propre récit d'une Révolution qu'il a tant combattue. Lacretelle se mue en un professionnel de l'histoire très lu, mais également très critiqué. Obsédé par le traumatisme révolutionnaire, il en écrit successivement trois versions différentes et à vingt ans d'intervalle ce qui le place dans la première génération des historiens de la Révolution et plus tard en concurrence avec d'autres générations d'historiens de la Révolution, qui, eux, n'ont pas connu cette terrible décennie. Figure majeure de l'historiographie de la Révolution dans le premier XIXe siècle, Lacretelle doit s'effacer devant les générations montantes, non sans avoir résisté, et laisser la place à un autre historien-écrivain modéré, républicain celui-là, qui incarnera désormais le récit de l'épisode révolutionnaire: Michelet.