Les mots ont été créés par les hommes pour exprimer leurs divers états émotionnels, pour penser, pour approcher et appréhender le réel en le synthétisant. Mais dans certaines circonstances, même si les mots pour s'exprimer arrivent aisément, ils semblent manquer de poids pour traduire exactement ce que l'on ressent au tréfonds de son être et en face de tout ce qui est pensable du réel. Et pourtant, les concepts que nous employons ont été très bien pesés et soupesés pour être en mesure d'exprimer adéquatement tout ce qui affecte notre esprit et notre sensibilité. Est-ce un paradoxe? Si déjà les mots constituent une limite apparente pour exprimer nos émotions intérieures propres, combien la tâche serait plus ardue lorsqu'il s'agira pour nous de penser Dieu, le tout autre. Dieu se dit par la voie de l'indicible. L'indicible est alors le propre de Dieu. Cela ne signifierait pas du tout que Dieu soit pour nous un phénomène impossible à penser. Mêmes les phénomènes hors-pensés méritent d'être pensés plus que toute autre pensée. Mais de Dieu, que peut-on vraiment penser?