Ce livre analyse l'impact de la rente sur le développement de l'industrie égyptienne. Un recul inattendu, même temporaire, de l'industrie manufacturière, peut, ceteris paribus, avoir une incidence sévère sur les perspectives de croissance si elle en génère les sources. L'Egypte a vu ce secteur décliner entre 1974 et 1985, au moment même où son économie bénéficiait d'importantes ressources exogènes: les revenus d'aide, pétroliers, du canal de Suez, et les remises de fonds des travailleurs égyptiens émigrés. Nous réfutons la pertinence du mécanisme du syndrome hollandais pour expliquer le déclin du secteur manufacturier égyptien, au profit du mécanisme de l'allocation des talents. L'abondance en ressources favorise l'émergence et le maintien d'un contexte politico-institutionnel favorable aux activités de recherche de rentes, qui deviennent plus lucratives que les activités productives, et qui drainent ainsi les " talents ". La rente, en affectant le taux de croissance du progrès technique, freine ainsi les moteurs de la croissance à long terme.