Nous distinguons ordinairement le corps de l'esprit. Cependant, bien que cette distinction nous soit intuitive, dès lors que nous cherchons à spécifier le critère sur lequel elle repose, elle se dérobe. Tout se passe comme si nous n'avions aucun mal à situer les choses d'un côté ou de l'autre de la frontière qui sépare le corps de l'esprit sans que nous ne parvenions à la définir précisément. A quel critère obéissons-nous en effet lorsque nous opérons une bipartition entre phénomènes mentaux et phénomènes physiques ? Il est essentiel d'éclaircir cette distinction afin de pouvoir formuler le problème central de la philosophie de l'esprit : comment expliquer l'étroite corrélation entre épisodes psychologiques et épisodes physiques ? Comment expliquer que les états de notre corps et les états de notre esprit varient souvent de concert ? Quand la température extérieure s'accroît, nous avons plus chaud ; lorsque nous voulons lever notre bras, il se lève. Alors que la description de telles corrélations suppose que soit établie la distinction du corps et de l'esprit, leur explication conduit souvent à l'estomper.