L'art vidéo construit une esthétique particulière faisant écho aux cultures sino-japonaise et occidentale, un univers hybride entre effacement comme processus et comme force négative. C'est ce que l'on a pu observer à travers les oeuvres de deux grands pionniers de l'art vidéo : Thierry Kuntzel (décédé en 2007) et Bill Viola. Aussi dans l'art vidéo actuel les effacements nombreux s'exercent par la défiguration (trop de lumière ou d'obscurité, flou, cadre, accumulation, épuration, vide, palimpseste) et/ou métaphoriquement (spectre, non- lieu, intervalle mémoire/oubli). Ces oeuvres produisent nombre d'hétérotopies et d'hétérochronies et révèlent le caractère hybride de la vidéo. L'art vidéo réagit aussi à l'apparition du numérique (outil de désincarnation, de dé-spécification, d'espaces hybrides, de temps en devenir et de faux- semblant) et aux bouleversements qu'il crée dans nos sociétés. Les valeurs d'impermanence, de fluidité, de multiplicité et d'éphémère revendiquées par les artistes japonais depuis des siècles trouveraient à présent une place majeure qui remettrait définitivement en cause la figure prédominante occidentale.